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annales de la société j. j. rousseau

Monades, et les essences hylarchiques, et les cubes écornés, et la matiére subtile, et les atomes crochus sont sans doute de fort jolies inventions : Mais je voudrois bien demander à leurs Auteurs comment ils s’y sont pris pour voir tout cela ; quand à moi, je n’attens pour admettre le sistéme de Descartes que d’avoir apperccu seulement un globule de lumiére. L’inutile travail des spéculatifs oiseux est d’imaginer comment les choses auroient pu se faire, le vrai Physicien recherche comment elles sont faittes réellement.

Les Philosophes ont inventé et ne se sont pas embarrassés de voir ; Les Chymistes ont donné dans le défaut opposé, ils s’en sont tenus à ce qu’ils voyoient, sans se mettre en peine de ce qui pouvoit être au delà, et ils ont pris pour les vrais Elémens des corps les parties constituantes dans lesquelles ils avoient (13) trouvé le moyen de les resoudre. L’Analyse de quelques substances leur a donné de l’Esprit, de l’huile, du sel, de la terre et de l’eau, et ils ont conclu que l’Eau, la Terre, le sel, l’huile et l’Esprit êtoient les principes de la matière. Les Chymistes n’ont eu que des yeux, les Philosophes n’ont eu que de l’esprit et ils se sont tous trompés.

Je ne m’arrêterai pas à refuter le sistéme des Acides et des Alkali : Ils se transforment les uns dans les autres ; on les produit avec des substances où ils n’êtoient point auparavant, ils ne sont donc pas des Principes. Cela est sans réplique.

A l’égard des cinq Principes ordinaires des Chymistes ils ne sont eux mêmes, du moins les trois prémiers, que des mixtes et des composés. L’esprit[1] est un sel[2] acide dissout dans du flegme : tel est l’esprit de nitre ou celui du vinaigre. L’Esprit volatil urineux n’est qu’un Alkali volatil dissout de

  1. Le fragment : L’esprit… jusqu’à en eau insipide, a été copié dans Senac I, p. 9 à 11.
  2. Senac, t. I, p. 9. (R.). Senac, Nouveau cours de chimie d’après les principes de Newton et de Stahl, 2 vol. 12°, Paris, 1723.