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annales de la société j. j. rousseau

une telle question qu’à la faveur de quelque hypothése et je ne veux pas donner icy des Romans. Je dois seulement observer qu’il y a grande apparence que la fluidité[1] est aussi le principe de la transparence et que, les mineraux exceptés, qui doivent leur opacité à la terre mercurielle[2] ou flogistique, et les corps organiques qui doivent la leur au différent tissu de leur partie, nuls corps ne seroient opaques si touttes leurs parties avoient êté également soumises à la fluidité soit de fusion soit de dissolution. En effet, l’union des particules d’un fluide entre elles est à la vérité, très facile à rompre mais elle n’en est pas moins parfaitte[3], et c’est ce qui fait que les rayons de lumiére n’ayant pas tant de différentes surfaces à pénétrer par lesquelles ils seroient contraints de se refracter et détourner en mille maniéres, ils passent au travers de la liqueur après fort peu d’altérations ; au contraire, le cristal et le verre pulverisés deviennent opaques parce que la lumiére se perd au milieu de cette infinité de détours qu’elle est obligée de faire à droitte et à gauche et sur les surfaces de touttes ces particules de différentes grandeurs et de diverses figures. Aussi l’expérience nous apprend elle que les substances dissoutes s’unissent tellement au dissolvant qu’elles ne font plus avec lui qu’un seul tout diaphane et transparent jusqu’à ce que l’introduction d’une nouvelle substance les sépare derechef ; ce qui rend à l’instant la liqueur trouble et opaque ; de même, les pierres, les sables et les métaux mêmes quand en les calcinant on les a privés de leur flogistique prennent par la vitrification (47) un tel arrangement de parties qu’ils deviennent diaphanes d’opaques qu’ils êtoient auparavant.

  1. Cette idée de la fluidité des corps, cause de leur solidité et de leur transparence peut mener loin, il faudra l’éxaminer géométriquement. (R.)
  2. Sotise. (R.)
  3. Comment doivent être figurées et mues les parties d’un fluide ?