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Page:Annales de la société Jean-Jacques Rousseau, tome 18.djvu/11

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annales de la société j. j. rousseau

contraire[1]. Sainte-Beuve, Saint-Marc Girardin et leurs contemporains, souvent avec une facilité déconcertante, ajoutèrent foi à toutes les histoires qui représentaient Rousseau comme méchant, fou, charlatan et ingrat. En 1886, Maugras étudiait les querelles des philosophes Voltaire et J.-J. Rousseau et dépassait les plus irréductibles en partialité obstinée. Or, dans cette condamnation générale, l’épisode qui constitue le sujet de ces pages, continuait à être d’une grande importance : aucun ne se prêtait mieux à l’intention de noircir le caractère de Rousseau.

Cependant cette critique impitoyable portait en elle-même son remède ; elle était trop absolue en effet : un certain revirement d’opinion était inévitable. Le plaidoyer le plus passionné en faveur de Rousseau fut celui de Madame Frederika MacDonald, paru en 1906. Prenant en quelque sorte systématiquement le contrepied de tout ce qu’on avait soutenu jusque-là, elle voulut prouver que le xixe siècle siècle avait méconnu et par suite mal jugé Rousseau. Son livre, Jean-Jacques Rousseau, à New Criticism, sinon dépourvu de parti-pris, a du moins donné à réfléchir : le problème général de la personnalité de Rousseau étant soulevé de nouveau par cette tentative pour le réhabiliter dans sa querelle avec Grimm, Diderot, d’Epinay, la querelle Hume, elle aussi, devait être reprise ; du reste, Madame MacDonald n’avait pas manqué d’y toucher[2]. Celui qui aurait été naturellement le mieux

  1. Ceux, par exemple, de Musset-Pathay (1821) et de Streckeisen-Moultou (1865).
  2. 39, MacD. Vol. II, pp. 180-211. (N. B. Pour faciliter les renvois bibliographiques nous nous servons d’abréviations et de chiffres dont l’explication se trouve à la fin de l’étude.)