Page:Annales de la société Jean-Jacques Rousseau, tome 20.djvu/127

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du monde » [1]. Rousseau ne s’est pas contenté d’insérer une note ; il a modifié le texte même de cette préface datée du 20 mars 1758, où, semble-t-il, ne se trouvait pas tout d’abord, la fameuse allusion à Diderot : « J’avais un Aristarque sévère et judicieux ; je ne l’ai plus, je n’en veux plus. » A la rigueur, on peut prétendre que cette phrase se trouvait dans une page du fragment primitif, qui ne nous est pas parvenue. Mais c’est tout à fait invraisemblable, car la préface n’a été remaniée vers le 20 juin, qu’en vue d’amener l’allusion. Ecrite en trois semaines, dans le courant de février, la Lettre à d’Alembert est achevée au début de mars. Le 9 mars, Rousseau propose à l’éditeur Rey, l’impression de cet ouvrage. Le manuscrit, mis au net dès le 15 avril[2], est envoyé le 14 mai à Rey[3], qui s’engage à faire paraître le volume à la fin de juillet, si Rousseau consent à ne pas exiger de revoir les épreuves[4]. Rousseau accepte cette condition, mais, le 17 juin, il réclame l’épreuve de la Préface, pour y faire « des changements indispensables » [5], et, sans attendre davantage, il écrit à Rey, le 21 juin : « Je vous envoie un changement pour la fin de la Préface, que je vous prie de substituer à celle qui y est » [6]. Il souligne l’importance qu’il attache à ce changement : « Vous avez trop de jugement pour ne pas sentir combien il m’importe que ce morceau soit de la dernière correction. J’aimerais mieux qu’il y eût cent fautes dans l’ouvrage qu’une

  1. Confessions, livre X (Œ. compl. de Rousseau, éd. Hachette, in-12, t. VIII, p. 357).
  2. Correspondance’, t. III, p. 318.
  3. Ibid., p. 327.
  4. Ibid., p. 339.
  5. Ibid., t. IV, p. 4.
  6. Ibid., p. 5.