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sites enjouées et amicales, encore moins aux invitations à diner : elle est toute aux soucis les plus graves. Rousseau recopie à la hâte la Profession de foi du Vicaire savoyard tout entière, parce qu’il veut en assurer la publication après sa mort, qu’il croit prochaine, et soupçonne à ce moment les jésuites de songer à l’altérer ou à la faire disparaître ; et il expédie le manuscrit à son ami Moultou, le 29 mai 1761, avec une lettre solennelle et quasi-testamentaire. Le même jour, c’est-à-dire cinq jours après le dimanche de la Fête-Dieu, il écrit à Coindet une lettre des plus sèches, qui ne fait allusion à aucune visite récente. Quelques jours plus tard, le 12 juin, il confie à la maréchale de Luxembourg le secret de l’abandon de ses enfants, dont le remords à ce moment l’accable. Rien enfin ne permet de supposer que, pendant cette période de maladie, de souffrance et d’anxiété tragique, Rousseau ait quitté sa maison de Montlouis pour s’installer au Petit Château. Il est donc tout à fait invraisemblable que la visite de Houël soit du 24 mai 1761.

Pour le 8 juin 1760, sans qu’on trouve de preuves négatives aussi fortes, la visite paraît peu probable, et aucun indice positif ne la confirme. C’est l’époque où Rousseau, fort agité par différents soucis qui se rapportent à l’impression de la Nouvelle Héloïse, se prodigue en démarches. Il écrit à la maréchale le 18 juin qu’il a été fort occupé depuis quel-

    datée par les éditeurs et se rapporte vraisemblablement à une autre année, peut-être à 1762. D’ailleurs, même si on tenait pour exacte la date indiquée, la lettre prouverait encore que Coindet n’est pas allé voir Rousseau « le dimanche 24 », puisqu’elle lui refuse précisément l’autorisation de venir ce jour-là.