Page:Annales de la société Jean-Jacques Rousseau, tome 25.djvu/266

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

racles de Jésus-Christ à des tours de charlatan, qu’il dit avoir faits lui-même à Venise dans le temps qu’il prétend avoir été premier secrétaire d’ambassade.

Ce n’est pas là dogmatiser, c’est blasphêmer. Il est permis à chacun d’exposer ses doutes à la vénérable Compagnie sur la contreverse, comme de faire au Magnifique Conseil des Représentations sur l’intérêt public : mais c’est un crime de crier aux armes. Il n’y a point là de prise à la question qu’on agite s’il faut préalablement, que le délinquant paroisse au Consistoire, & que s’il se range, on le suporte sans diffame. Il est clair que cette loi n’est faite que pour ceux qui dogmatisent chez nous sur des points de religion, & non pour celui qui renonce à sa Patrie pour exterminer toute religion. Un Citoyen s’exprime mal sur la consubstantiabilité du verbe & sur la manière dont le St Esprit procède du Père par le fils : le Consistoire établi pour décider de ces dogmes, fait connoître la vérité à cet homme ; il se range, on le supporte sans diffame. Mais que dans un Libelle, où le Conseil des Vingt-Cinq, celui des Deux-cent, les Ministres du St. Evangile, sont indignement outragés, l’auteur insulte à Jésus-Christ nôtre divin Sauveur au point de dire, Il n’est pas possible de prendre au pied de la lettre les miracles de Jésus-Christ sans renoncer au bon sens, alors il diffâme lui-même : il devient justiciable de tous les Magistrats chrétiens. Aussi ce livre a-t-il été condamné par tout ou il a été un peu connu. Et il serait bien étrange que nôtre ville, la plus renommée de toutes les villes qui ont embrassé la sainte reformation, parut approuver ces impiétés abominables, punies dans tous les autres états de la chrétienté. Le Consistoire seroit sensé en être le complice s’il n’en avoit pas témoigné toute son horreur, par une députation générale au Magnifique Conseil.

Si ces blasphêmes méritent compassion, ils méritent aussi correction. C’est aux Juges à infliger la peine la plus convenable, comme le fouet ou tel autre chatiment,