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annales de la société j. j. rousseau

assez faiblement doués, au grand désespoir de M. de Linant, leur précepteur. Un jour on assemble pour leur faire passer un examen, le comte et la comtesse d’Houdetot, Saint-Lambert, Grimm, Duclos, Gauffecourt et Jean-Jacques. La mère est inquiète du résultat, car le jeune fils « taille ses thèmes à coups de serpe. Mais le jury est indulgent et l’élève sort victorieux. Puis c’étaient de longues promenades dans le parc, Diderot se foulant le pied en courant après les cygnes qui avaient failli dévorer « Pouf le chien préféré de Mme d’Epinay[1], Jean-Jacques Rousseau causant avec la méchante Mlle d’Ette, « la plus fine guêpe, la plus perfide et la plus rouée confidente qui se puisse voir ou devisant avec la comtesse d’Houdetot dont il va bientôt devenir follement amoureux. On assistait aussi à la fête du village que Diderot a si bien décrite dans une lettre à Mlle Volland. Jean-Jacques se souviendra de ces scènes dans les « Rêveries » :

« C’était dans le malheureux temps ou faufilé parmi les riches et les gens de lettres, j’étais quelquefois réduit à partager leurs tristes plaisirs. J’étais à la Chevrette au temps de la fête du maître de la maison toute sa famille s’était réunie pour la célébrer et tout l’éclat des plaisirs bruyants fut mis en œuvre pour cet effet. Spectacles, festins, feux d’artifice, rien ne fut épargné. L’on n’avait pas le temps de prendre haleine et l’on s’étourdissait au lieu de s’amuser »[2].

  1. Correspondance de Diderot : Lettre à Mlle de Volland. T. XXIII, p. 472. Ed. Garnier, 1876.
  2. J.-J. Rousseau Les rêveries du Promeneur Solitaire, 9e Promenade.