Page:Annales de la société Jean-Jacques Rousseau, tome 8.djvu/35

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tuer, dans un régime d’égalité, la tyrannie égoïste d’une faction à la saine volonté générale du corps social.

Je dirai un mot enfin des Confessions : sans violence systématique, on peut y voir un effort pour montrer par l’exemple d’une vie, comment chacun de nous peut, dans une certaine mesure, revenir à la nature, rétablir en lui-même l’âme naturelle et se replacer dans les conditions de la vie naturelle. Rousseau, d’abord dévié, altéré, corrompu par la société, s’est ressaisi un jour, a restauré en lui la vertu en 1752, le bonheur en 1756, et a vécu, depuis, plus en homme naturel qu’en homme civil, non sans résistance et sans vengeance de la société qui, ne pouvant le refaire méchant, a tenté souvent de le faire malheureux. Entre les joies de son enfance et de son adolescence, tous ses moments heureux de l’âge mûr et de la vieillesse sont des abandons à l’instinct naturel, des jouissances des biens naturels ; et c’est parce qu’il a eu la chance, qu’il assure à Emile, d’être, aux premiers temps de sa vie, livré souvent à sa nature et à la nature, que la société n’a jamais pu le gâter tout à fait, et qu’il a pu remonter à la vertu et au bonheur.

Voilà comment m’apparaît l’œuvre de Rousseau : très diverse, tumultueuse, agitée de toute sorte de fluctuations, et pourtant, à partir d’un certain moment, continue et constante en son esprit dans ses directions successives.

Plus d’un lecteur pensera sans doute que j’ai moins résolu que confirmé en les expliquant quelques-unes des contradictions qu’on reproche à Rousseau, et les plus importantes. C’est possible du point de vue de la logique pure. Mais mon dessein a été de faire sentir que le point