Page:Annales de la société académique de Nantes et de Loire-inférieure - Série 9, vol.3, 1912.djvu/169

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
171

la tarentule policière, qui si longtemps taquina Beilvert, se réveille, et sans être mandaté, il se joint aux gendarmes de Bouaye qu’il fait bénéficier de son expérience. Dans une lettre de reproches écrite au commandant de gendarmerie de Nantes, on lit qu’à la suite d’une orgie, ses hommes, en compagnie de Beilvert, ont pillé la maison de Prou, de la Grande-Noë et promené tout nu le fils de la maison.

La coupe était pleine ; le 14 février 1814, Beilvert est arrêté, interné à Guérande et placé sous la surveillance du maire de cette localité. Le lieu de la scène change, mais la Préfecture n’en est pas plus tranquille ; le maire de Guérande fait savoir, que la responsabilité la plus désagréable lui est donnée, que son prisonnier est intenable, qu’il signe tous les jours ses feuilles de présence (elles sont au dossier), mais « que son séjour est un scandale pour la population ». De son côté, Beilvert écrit, qu’il ne peut travailler et ne sait comment vivre ; cela se comprend. Bref, le commissaire et le maire de Guérande, la Préfecture et le tribunal de Nantes échangent leurs vues sur un cas, qu’ils ne savent pas solutionner ; la multitude de leurs lettres ne nous apprend ni quand ni pourquoi il quitta Guérande ; toujours est-il qu’une lettre fait savoir qu’il habite Nantes.

« Un sieur Beilvert, habitant rue Contrescarpe, chez B…, fripier, alarme notre surveillance. Je demande qu’il soit expulsé. » (Lettre du maire de Nantes).

Mais nous voici aux Cent jours ; des mesures très sérieuses sont prises contre l’agitation manifeste de la Vendée. Une nouvelle création de compagnies franches est ordonnée. Beilvert, que l’on pouvait croire à tout jamais chassé de l’armée, par un retour de fortune, reçoit le commandement de la compagnie chargée d’opérer dans le sud de la Loire. Le voici au service de l’empereur.

Sa réapparition, sous le costume de capitaine, devait jeter un effroi compréhensible dans la contrée ; les protestations