Page:Annales de la société royale académique de Nantes et de la Loire-Inférieure, 3, 1832.djvu/349

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à la diffusion des connaissances. Mais M. Say avait plus immédiatement encore payé sa dette à l’utilité publique lorsque, de la manière la plus laborieuse, il avait appliqué les sciences dont son esprit s’était nourri, à l’industrie active qu’elles devaient féconder. Fils de la ville manufacturière par excellence, lyonnais, il avait personnellement entrepris et dirigé des usines de diverses sortes, et contribué à imprimer à plusieurs branches industrielles ce mouvement progressif que, chaque jour, nous voyons se continuer sous nos yeux. Si ces sortes de services ont valu, à cause d’un plus grand éclat, des statues à Watt et Arckwright, ils méritent au moins ici un témoignage quelconque de notre gratitude.

Quand les chaires d’enseignement devenues désertes, quand, les Académies devenues veuves, déplorent si hautement la perte de l’illustre professeur, de l’infatigable collaborateur, du membre né de toutes les commissions scientifiques ; je suis, Messieurs, dispensé de vous justifier que M. Say fut un savant. Ce n’est pas ici qu’on l’ignore.

Des mœurs, de la science et du travail réel, voilà ce qui constitue essentiellement le citoyen recommandable. Otez, en effet, l’une de ces trois conditions, à quelque degré que soient possédées les deux autres, vous n’avez plus qu’un citoyen incomplet. Quand nous rencontrons dans M. Say cette triplicité harmonieuse qui unit inséparablement le vouloir du bien public, l’intelligence cultivée qui le prépare et l’acte visible qui l’accomplit avec éclairement, nous sommes fondés à le proclamer un citoyen utile.