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À LA PHILOSOPHIE DES MATHÉMATIQUES.

notre savoir). C’est, en effet, dans la diversité qui résulte de l’application de ces lois aux phénomènes donnés à posteriori, que consiste la dualité de l’aspect sous lequel se présente la nature ; dualité que nous rangeons, conduits de nouveau par des lois transcendantales, sous les conceptions de forme et de contenu du monde physique ».

Ce n’est certainement pas dans ce style que Leibnitz et Euler ont traité des sujets de philosophie ; mais, si le style de M. de Wronski est obscur, son livre n’est pas cependant du nombre de ceux qu’il soit permis de négliger. On ne saurait, en effet, contester à l’Auteur d’être très-versé dans toutes les branches des sciences exactes ; de connaître parfaitement tout ce qu’on en a écrit ; et d’avoir lui-même, sur la philosophie de ces sciences, des vues non moins profondes et non moins générales qu’elles sont nouvelles.

Nous ferons donc tous nos efforts pour tenter de traduire en français, pour notre usage, l’Introduction à la philosophie des mathématiques, et nous destinerons ensuite plusieurs articles des Annales à en faire connaître la substance ; si toutefois, dans la tache pénible que nous allons entreprendre, nous obtenons quelques succès.

Cet ouvrage n’étant pas, au surplus, le seul que M. de Wronski se propose de publier, nous croyons convenable de placer ici quelques réflexions que, pour l’intérêt même de sa gloire, nous désirons vivement que l’auteur veuille bien prendre en considération.

M. de Wronski, dans l’une des notes de son livre, observe que l’application que Condillac et Limmer ont voulu faire aux sciences mathématiques, l’un, du système de sensualisme de Locke, et l’autre, du système d’intellectualisme de Leibnitz, a été d’une nullité absolue pour le progrès de ces sciences, et cette remarque nous paraît d’une exactitude parfaite ; mais nous pensons qu’elle doit être indistinctement étendue à tous les systèmes philosophiques qu’il a plu ou qu’il pourra plaire encore à l’esprit humain d’imaginer. Nos opinions spéculatives, en effet, n’ont guère plus d’influence sur notre entendement que sur notre volonté, sur notre savoir que sur notre conduite ; et, quoi qu’en