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DU SANG.

concevoir que son mouvement se ralentira, qu’à la longue il s’arrêtera tout-à-fait, et qu’ainsi la maladie se terminera par une inaction générale et une immobilité absolue de la masse sanguine. Tant que la marche de la fièvre était positive, on a dû facilement concevoir l’idée d’un maximum : ce maximum aurait dû avoir lieu lorsque, par l’entrée même du sang dans les petits vaisseaux, la somme des résistances serait redevenue égale à la somme des forces vitales des artères. Mais un pareil terme est contraire à l’idée d’une fièvre qui, de positive qu’elle avait été, est devenue négative. La force vitale des artères ayant succombé une fois à la somme des résistances, ne pourra lui redevenir égale, qu’autant qu’elle sera soutenue par des secours extraordinaires, et indépendans de la marche naturelle de la maladie, abandonnée à elle-même.

27. Dans les accès de fièvres intermittentes, qui tous commencent pas cet effet négatif, indiqué par la nature emploie un moyen bien simple pour opérer la répartition égale de la masse sanguine, et pour rendre de nouveau la force vitale des artères égale à la somme des résistances : c’est l’intensité avec laquelle opèrent alors toutes les forces musculaires pour pousser la masse sanguine, accumulée dans le système artériel, pour opérer son passage dans le système veineux, et en effectuer ainsi la répartition égale entre les deux systèmes. Il en résulte une nouvelle force accélératrice, laquelle, ajoutée à celle des artères, la rend égale à la somme des résistances. Mais au maximum des fièvres inflammatoires, on ne peut guères compter sur un accroissement d’intensité des forces animales, affaiblies par la durée même de la maladie : elles sont réputées nulles alors ; le rétablissement de l’équilibre, entre les forces accélératrices et les forces retardatrices de la circulation, ne peut plus être exigé de la nature, abandonnée à elle-même ; elle a un besoin indispensable du secours de l’art.

28. Ce que nous avons dit jusqu’ici sur les deux forces désignées par et regardait la circulation du sang, considérée dans son entier depuis sa sortie du ventricule gauche, dans le tronc de l’aorte,