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EXPÉRIENCES

Après que Galilée eut ouvert ainsi la carrière, elle fut parcourue par les savans les plus illustres ; dès qu’il y eut un premier germe de théorie dans les arts, la théorie forma des ingénieurs. C’est alors que la partie expérimentale a fait des progrès plus sensibles, et qu’on a remplacé plus généralement l’hypothèse et le système par des données fruits de l’expérience, et par des calculs rigoureux fondés seulement sur ces données.

Sans retracer ici l’histoire des travaux dont nous venons de parler, nous nous contenterons de citer la savante préface d’un traité sur la résistance des solides, qu’on doit à l’ingénieur Girard qui, lui-même, a fait de nombreuses et belles expériences sur la force des bois.

Jusqu’ici, l’on a cherché principalement à déterminer la résistance dont les bois sont susceptibles avant leur rupture, soit en les rompant perpendiculairement à leurs fibres, soit en les affaissant sous des poids qui agissaient dans le sens même de ces fibres.

Sans doute, il est nécessaire de connaître ce point extrême, cette limite de la force des bois, afin d’employer toujours des matériaux doués d’une force plus grande que tous les efforts auxquels ils devront résister, dans les constructions et dans les machines où ils entreront comme élémens ; mais il faut toujours se tenir assez loin de cette limite ; et, lorsqu’on veut faire des travaux durables, il faut s’en tenir bien plus loin encore ; car le temps diminue incessamment la force des bois, et mille causes concourent à détériorer leurs qualités primitives.

Il est un autre genre de recherches non moins utile, plus utile peut-être, et qui cependant me semble avoir été le moins suivi ; c’est de déterminer les résistances comparées des bois, lorsqu’on les soumet à des forces capables d’altérer très-peu leur figure, et de trouver, si je puis m’exprimer ainsi, leur résistance virtuelle.

Lorsque nous construisons nos édifices, nos machines, nos vaisseaux, nous supposons que les pièces d’une dimension considérable, et d’ailleurs peu chargées, conservent la figure qu’un dessin rigoureux leur a donnée : il n’en est rien. Dans la nature, les moindres