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ET SYNTHÈSE.

à son choix, toute composition ou toute décomposition. On a vu pourtant (11) qu’on peut, à volonté, rendre synthétique un raisonnement analitique, et analitique un raisonnement synthétique ; et (12) que chacun de ces deux modes de raisonnement se suffit complètement à lui-même.

25. Condillac reconnaît (même chap.) que l’analise et la synthèse sont deux méthodes inverses l’une de l’autre ; mais il en tire cette étrange conclusion que, si l’une d’elles est bonne, l’autre est nécessairement mauvaise. Comment donc n’a-t-il pas vu, ou plutôt, comment n’a-t-il pas voulu voir qu’on rencontre à chaque pas, dans la plupart des sciences, des méthodes tout-à-fait contraires, que l’on emploie pourtant avec un avantage à peu près égal ? Et, pour n’en citer qu’un exemple, niera-t-on que les deux fameuses expériences par lesquelles on prouve que l’eau n’est point une substance simple ne soient également concluantes, et que chacune d’elles ne mette, à elle seule, cette vérité dans tout son jour ?

26. Suivant Condillac (Part. II, chap. VIII), toutes les questions sont également faciles, lorsqu’on a les données suffisantes pour les résoudre ; mais, à ce compte, pourquoi donc les efforts réunis des plus grands géomètres n’ont-ils pu encore, par exemple, triompher des difficultés que présente la résolution des équations du 5.me degré ? Sont-ce là les données qui manquent ? non sans doute ; mais c’est que, comme nous l’avons déjà fait voir (19), ni l’analise ni la synthèse ne sont et ne sauraient être des méthodes infaillibles.

27. Condillac attribue, avec raison, à l’analise (Part. II, chap. VII) les immenses progrès qu’ont fait les sciences mathématiques dans ces derniers temps ; mais d’abord, s’il regarde comme synthétiques les méthodes suivies par les géomètres de l’antiquité, il faudra reconnaître que, si la marche de la synthèse est plus lente que celle de l’analise, elle est tout au moins aussi sure, et très-certainement plus lumineuse. Si même on considère que nous n’avons fait que continuer ce que les anciens ont commencé, et qu’en toutes choses les premiers pas sont toujours les plus difficiles, on