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ANALISE

n’ont jamais prétendu nous instruire par une autre voie, mais comme Condillac dit quelque part que L’analise commence toujours bien, tandis que la synthèse commence toujours mal ; on est fondé à soupçonner qu’il pense que l’analise seule va du connu à l’inconnu, tandis qu’au contraire la synthèse va de l’inconnu au connu.

35. La vérité est pourtant que c’est précisément l’inverse ; que, s’il est une méthode de laquelle on puisse dire, en quelque sorte, qu’elle va de l’inconnu au connu, c’est tout justement l’analise, tandis que la synthèse, au contraire, procède constamment du connu à l’inconnu. Cette dernière méthode, en effet, comme nous l’avons, déjà remarqué (8), s’élève peu à peu des vérités les plus simples et les plus populaires aux plus sublimes conceptions auxquelles, il soit possible à l’esprit humain de parvenir ; tandis que l’autre, au contraire, redescend par degrés de celles-ci aux notions triviales dans lesquelles toute proposition vraie doit se résoudre en effet.

36, La seule manière de faire de la logique de Condillac un ouvrage raisonnable serait, à ce qu’il nous paraît, d’y remplacer partout les mots analise et synthèse, par ces expressions : bonne méthode et mauvaise méthode, mais, par cette substitution même, on en ferait un ouvrage tout-à-fait inutile ; puisqu’il se réduirait à dire que, dans toutes recherches, il faut soigneusement s’attacher aux bonnes méthodes, et éviter les mauvaises ; ce que personne jusqu’ici n’a probablement encore songé à contester.

37. Nous désirons bien sincèrement que ces réflexions puissent contribuer à détruire l’illusion et l’espèce d’engouement peu philosophique qu’a produit, dans sa nouveauté, la logique de Condillac ;

    sur la musique, aux arpenteurs qui écrivent sur la géométrie, et aux négocians et financiers qui écrivent sur l’arithmétique. Tous ces gens-là, dans leurs ouvrages, supposent d’ordinaire le lecteur très au courant de ce qu’ils se proposent de lui apprendre.