Page:Annales de mathématiques pures et appliquées, 1816-1817, Tome 7.djvu/42

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
38
TRACÉ

d’économie doivent apporter des modifications fréquentes au système que la théorie peut indiquer. Ainsi, dans les routes en plaine par exemple, il importe souvent beaucoup moins d’arriver d’une de leurs extrémités à l’autre par le plus court chemin, qu’il n’est utile de l’allonger, en se rapprochant du plus grand nombre possible de lieux habités. Le passage des rivières dans l’endroit le plus commode, la nécessité d’éviter des marais ou des fondrières, et beaucoup d’autres causes obligent souvent de s’écarter de la ligne qu’il faudrait suivre, si l’on n’avait égard qu’à la configuration extérieure du terrain.

Quant à la mise en pratique des principes développés par M. Dupin, sur le tracé des routes obliques, elle exige la connaissance de la plus forte pente sur laquelle les transports peuvent être effectués sur les routes directes, par les différens moteurs que l’on est dans le cas d’employer. Mais ici, comme sur beaucoup d’autres matières, l’expérience n’a point suffisamment éclairé la théorie ; il n’a été publié du moins aucune série de faits assez nombreuse pour pouvoir en déduire cette limite d’une manière certaine et générale.

D’un autre côté, quand bien même on serait parvenu à la déterminer d’une manière sûre, serait-il convenable de conserver une telle pente dans le développement entier de la route ? Cette disposition, que l’on devrait sans doute adopter, si les transports s’effectuaient à l’aide de contre-poids ou autres moteurs inanimés, ne doit-elle pas être modifiée, lorsque le mouvement est transmis par l’action de la force musculaire ?

Si l’on considère, en effet, que l’effort des animaux employés aux charrois est d’autant plus grand qu’ils sont obligés de cheminer sur des pentes plus rapides, et que leur fatigue s’accroit depuis le moment où ils se mettent en marche jusqu’à celui où se termine leur journée de travail ; ne s’élève-t-il pas naturellement la question de savoir si, au lieu de distribuer uniformément la pente d’une route oblique ascendante entre ses deux extrémités, il ne convient pas de diminuer cette pente suivant une certaine loi, depuis le