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Page:Annales de mathématiques pures et appliquées, 1818-1819, Tome 9.djvu/25

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DE LA DÉFINITION.

exemple, dans la vue de faire connaître à un enfant en bas âge la signification du mot rouge, on met simultanément sous ses yeux des Cerises, des Fraises, des Groseilles, des Framboises, etc., il sera fort à craindre qu’il ne prenne le change et n’attache au mot rouge le sens que nous attachons au mot fruit. Il faudra donc choisir de préférence des objets tout-à-fait disparates d’ailleurs, et n’ayant, pour ainsi dire, d’autres propriétés communes que celle que désigne le mot dont il s’agit de faire connaître la signification. Ainsi, par exemple, dans le cas actuel, on fera convenablement de prendre pour objet d’expérience une fleur, un fruit, du vin et un morceau d’étoffe. Si, au surplus, on n’a pas sous la main ces divers objets, et que leurs noms soient déjà connus de celui à qui on s’adresse, il suffira de les lui rappeler. Ainsi, par exemple, en lui disant successivement

Le sang est rouge,

Une pivoine est rouge,

Une fraise est rouge,

L’écarlate est rouge,

Etc., etc., etc. ;

il y a tout lieu de croire qu’il se formera une idée nette de la signification du mot rouge.

La ressource que nous venons d’indiquer, comme propre à faire connaître la signification des mots qui, exprimant des idées sensibles, ne sont point susceptibles de définition, ne saurait évidemment être employée vis-à-vis des êtres privés de l’organe auquel ces idées sont relatives ; et voilà pourquoi, par exemple, pour les aveugles de naissance, les noms des couleurs ne seront éternellement que de vains sons, auxquels il nous sera à jamais impossible de