Page:Annales de mathématiques pures et appliquées, 1818-1819, Tome 9.djvu/27

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
23
DE LA DÉFINITION.

qui connaît bien les mots triangle et quadrilatère, mais qui n’a jamais entendu prononcer le mot diagonale, que chacune des deux diagonales d’un quadrilatère le divise en deux triangles, il concevra sur-le champ ce que c’est qu’une diagonale, et le concevra d’autant mieux que c’est ici la seule ligne qui puisse diviser le quadrilatère en triangles.

Ces sortes de phrases, qui donnent ainsi l’intelligence de l’un des mots dont elles se composent, au moyen de la signification connue des autres, pourraient être appelées définitions implicites, par opposition aux définitions ordinaires qu’on appellerait définitions explicites ; et l’on voit qu’il y aurait entre les unes et les autres la même différence qui existe entre les équations résolues et les équations non résolues. On conçoit aussi que, de même que deux équations entre deux inconnues les déterminent l’une et l’autre, deux phrases qui contiennent deux mots nouveaux, combinés avec des mots connus, peuvent souvent en déterminer le sens ; et on peut en dire autant d’un plus grand nombre de mots nouveaux combinés avec des mots connus, dans un pareil nombre de phrases ; mais il y a ici à exécuter une sorte d’élimination qui peut devenir d’autant plus pénible que le nombre des mots dont il s’agit est lui-même plus considérable.

Quoi qu’il en soit, ces considérations semblent très-propres à expliquer comment un ouvrage qui, à une première lecture, nous avait semblé obscur, à raison d’un grand nombre de mots que l’auteur y avait employés sans les définir, et qui ne nous étaient point familiers, nous devient ensuite, par des lectures réitérées, de plus en plus intelligible, et nous le devient au point de pouvoir définir nous-mêmes ces mêmes mots qui, au premier abord, nous avaient causé tant d’embarras. Les mêmes considérations expliquent aussi fort bien comment la connaissance une fois acquise d’un certain nombre de mots d’une langue étrangère, nous conduit peu à peu, par la seule fréquentation de ceux qui la parlent et la lecture des écrivains qu’elle possède, sans le secours d’aucun dictionnaire ou moyen auxiliaire quelconque, à la parfaite intelligence de tous