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DE LA DÉFINITION.
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ne saurait les contester. Cela vient de ce que nous ne considérons que des définitions de noms et que nous rejetons tout-à-fait l’emploi des définitions de choses. Si nous avons bien compris ce qu’ont écrit les logiciens sur ce sujet, il paraît que cette dernière sorte de définition ne diffère uniquement de la première qu’en ce que celui qui l’énonce ne prétend pas fixer le sens du mot défini ; mais que, prenant ce mot suivant l’acception générale, il prétend simplement expliquer quelle est cette acception. Il suppose donc que ce mot est entendu de la même manière par tout le monde ; et, s’il en est ainsi, il rentre dès-lors dans la classe des mots qu’il est superflu de définir.

Nous ne voyons guères qu’un cas où les définitions ne soient point libres, et c’est celui où se trouvent ceux qui rédigent les vocabulaires des langues. Leur tâche est, en effet, de nous expliquer, non pas le sens qu’il leur plaît d’attacher aux mots, mais bien celui que l’usage général y attache. Ils se constituent donc, en quelque sorte, les interprètes du public ; et il faut conséquemment qu’ils en soient des interprètes fidèles. Mais la tâche qu’ils s’imposent est d’autant plus délicate et difficile que souvent on n’est point très-généralement d’accord sur la signification d’un grand nombre de mots, et que quelquefois même cette signification varie avec les temps et les lieux.

En résumé, la distinction des définitions en définitions de noms et en définitions de choses paraît pouvoir être réduite à dire qu’une définition doit être admise sans contestation ou bien peut être refusée, suivant qu’elle commence par ces mots : j’appelle, ou par ceux-ci : on appelle.

V. Il convient de ne pas détourner les mots, par des définitions, de la signification que l’usage général leur a attribué. On sent, en effet, que, sans cette précaution, ceux à qui l’on parlerait, ou pour qui l’on écrirait, perdant bientôt de vue la nouvelle acception donnée aux mots, seraient tôt ou tard entraînés à les entendre dans l’acception vulgaire, ce qui dénaturerait totalement