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PRIMITIVES.

autres ; attendu que chacune d’elles a un caractère qui lui est toutà-fait propre. On ne pourrait donc arranger ces trois rubans d’une manière convenable que sur la surface d’un cylindre et parallèlement à son axe, en choisissant ce cylindre de minière que les rubans en occupassent l’entière largeur. Chaque couleur se trouverait alors en effet intermédiaire aux deux autres.

Mais supposons que, le cylindre étant d’un rayon assez grand pour que les trois rubans appliqués sur sa surface laissent entre eux des intervalles égaux à leur largeur commune, on propose de remplir ces intervalles par trois autres rubans, le premier souci, le second vert-pomme et le troisième lilas, de manière que les nuances se succèdent de la manière la plus uniforme. Celui à qui on fera cette proposition ne sera-t-il pas conduit, tout naturellement, à placer le ruban souci entre le ruban rouge et le ruban jaune ; le ruban vert entre ce dernier et le ruban bleu ; et enfin le ruban lilas entre le ruban bleu et le ruban rose[1].

  1. Je suppose, et je dois supposer dans tout ceci, que celui que l’on charge de cet arrangement a le sens de la vue parfaitement organisé. On a rencontré, en effet, des individus qui, par suite de quelque vice de l’organe, ne distinguaient dans les couleurs que du clair et du foncé, et qui ne concevaient pas, par exemple, qu’il pût être plus facile d’apercevoir des cerises sur un cerisier que des olives sur un olivier. Il est évident que des êtres ainsi organisés ne conviendraient aucunement pour l’expérience que je propose. On rencontre aussi des gens qui ne distinguent dans les sons que le fort et le faible ; et l’on conçoit que ceux-ci seraient également impropres à disposer des vases sonores, les uns à la suite des autres, dans l’ordre des sons qu’ils rendent, du grave à l’aigu.

    On pourrait facilement, d’après ce que je viens de dire, disposer systématiquement, sur la surface d’un cylindre, toutes les couleurs et toutes les nuances de couleurs simples et binaires. Supposons, par exemple, que le cylindre soit divisé longitudinalement, par des parallèles, en 36 bandes égales. On appliquerait sur l’une d’elles 12 parties de rouge pur, sur la suivante 11 parties de rouge mêlées avec une de jaune ; sur la troisième 10 parties de rouge