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PRIMITIVES.

que ce qu’il avance à cet égard entraîne une conviction complète.

Il ne dît pas d’ailleurs, ni dans son grand traité, ni dans l’abrégé qu’il en a donné postérieurement, qu’il ait fait lui-même toutes les expériences ; et il se contente d’en indiquer les résultats comme ayant été obtenus par Newton et par les autres physiciens.

En voilà plus qu’il n’en faut, je pense, pour prouver que, si je voulais entreprendre de révoquer en doute l’expérience par laquelle Newton prétend prouver indistinctement l’inaltérabilité des diverses couleurs du spectre, je ne me trouverais pas sur un terrain trop mauvais, sur-tout si je voulais faire entrer en considération l’influence que peuvent exercer des doctrines qui ont obtenu une grande vogue, et qu’on cherche plus à confirmer qu’a contredire, sur la manière de voir des expérimentateurs. Toujours sera-t-il vrai de dire que, si chaque sorte de rayon jouit d’une réfraction constante, il devrait être possible d’isoler complètement les unes des autres les couleurs du spectre, ce à quoi on n’a pu pourtant parvenir jusqu’ici ; et que si, au contraire, chaque couleur est composée de rayons diversement réfrangibles, en lui faisant traverser un second prisme, elle doit se dilater un peu dans le sens perpendiculaire à la longueur de ce dernier[1].

  1. Je suis encore à comprendre pourquoi on s’est toujours obstiné à employer, pour ces expériences, un faisceau lumineux de forme conique, dont l’intensité est nécessairement d’autant moindre qu’on l’emploie plus loin du sommet du cône ; et dont la divergence des filets vient d’ailleurs se compliquer avec celle qui s’opère par la dispersion dans le prisme. Rien ne serait pourtant plus facile que de se procurer un faisceau cylindrique extrêmement intense, et conséquemment beaucoup plus propre aux expériences ; il ne s’agirait, en effet, pour cela, que de recevoir la lumière solaire sur une lentille convexe de grandes dimensions, placée au volet de la chambre obscure, et de changer ensuite la convergence en parallélisme, au moyen d’une lentille convenablement concave, placée un peu en-de-çà du foyer.