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DES SCIENCES.

ractériser que personne n’a encore songé à la représenter par des signes ; et en conséquence j’en ferai abstraction dans tout ce qui va suivre.

Supposons donc, en premier lieu, que l’on ait à noter une suite de sons dont la durée et l’intensité doivent être les mêmes, et qui ne différent les uns des autres que du grave à l’aigu. C’est sans doute, une idée très-heureuse et très-ingénieuse, que celle qu’on a eu d’employer un caractère unique, placé plus haut ou plus bas, sur une suite de lignes horizontales, suivant que les sons que ces caractère désigne doivent être plus ou moins aigus. À la vérité, ce ne peut être qu’en vertu d’une convention que ce caractère désignera un son ; mais cette convention est inévitable, puisqu’aucune perception de l’œil ne saurait être le signe naturel d’une perception de l’oreille. C’est encore par l’effet d’une convention que les sons les plus graves sont placés sur les lignes les plus basses et les plus aigus sur les lignes les plus élevées de la portée ; car, à proprement parler, il ne saurait y avoir ni haut ni bas dans les sons, mais cette convention est parfaitement conforme à celle en vertu de laquelle on dit, dans la langue vulgaire, le bas et le haut de la voix, pour distinguer les sons graves, des sons aigus. Aussi ne saurait-on douter que beaucoup de gens n’aient deviné cette convention avant même qu’elle leur ait été expliquée.

Toute ingénieuse que soit cette idée, la manière dont on a coutume de la mettre en œuvre n’est pas néanmoins à l’abri de toute critique. Dès qu’on est convenu, en effet, d’indiquer le plus ou le moins d’acuité des sons par le plus ou le moins d’élévation, sur la portée, des caractères qui les désignent, il faudrait, pour être conséquent, que d’égales augmentations dans l’élévation de ces caractères répondissent constamment à d’égaux accroissemens dans l’acuité des sons qu’ils désignent ; or, quoique le fa ne soit plus aigu que le mi, et le ut plus aigu que le si, que d’environ la moitié de la quantité dont chacun des autres sons de l’échelle diatonique est plus aigu que celui qui le-précède immédiatement, les