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DES SCIENCES.

espacées, puisqu’elles comprennent entre elles des intervalles de temps égaux ; on pourrait faire ces barres un peu larges, afin de les rendre plus apparentes ; chaque mesure serait divisée en temps par des barres un peu moins fortes, et toujours également espacées ; ces temps seraient à leur tour subdivisés par des barres moins apparentes encore, et ainsi successivement, jusqu’à ce qu’on serait parvenu à des divisions répondant à la durée de la note la plus briève de la mesure, toutes les notes seraient des rectangles d’une même hauteur, égale à la distance entre deux lignes consécutives de la portée, que je suppose toujours avoir treize lignes au moins ; elles seraient toutes entièrement noires et formées du plein de la plume entre ces deux lignes, à peu près comme les notes du plain-chant, ne différant ainsi les unes des autres que par leur situation sur la portée, et par leur longueur dans le sens horizontal, qui serait toujours exactement proportionnelle à la durée des sons qu’elles seraient destinées à représenter.

Un des principaux agrémens du chant mesuré consiste dans un heureux mélange de sons et de silences plus ou moins prolongés ; aussi, dans l’écriture musicale, a-t-on consacré des signes à exprimer ces silences ; mais on a commis ici un contre-sens à peu près pareil à celui que j’ai relevé tout-à-l’heure relativement au choix des notes, c’est-à-dire, qu’aux silences les plus courts ont été affectés les signes les plus apparens. Il me semble que, puisque, pendant la durée d’un silence, la voix ne doit former aucun son, ce silence ne saurait mieux être représenté que par un espace vide de note, dont l’étendue, dans le sens horizontal, serait exactement proportionnelle à la durée de ce silence[1].

  1. Le même contre-sens que l’auteur vient de signaler se fait remarquer dans la ponctuation de nos langues vulgaires ; le point, qui marque le plus long silence, est beaucoup moins apparent que le point et virgule, et même que la simple virgule.
    J. D. G.