Page:Annales de mathématiques pures et appliquées, 1828-1829, Tome 19.djvu/265

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résultats relatifs à l’une des hypothèses à ceux qu’on déduirait de l’autre. Afin que le lecteur n’ait besoin de recourir à aucun autre écrit, qu’il pourrait fort bien n’avoir pas sous la main, j’analyserai d’abord brièvement l’action des milieux sur la lumière qui les traverse.

Tout ce que l’observation peut nous apprendre sur la nature de la lumière, c’est 1.o qu’elle semble une substance d’une nature particulière, dont les molécules s’échappent, dans toutes sortes de directions, de chacun des points des corps lumineux ou éclairés ; 2.o que, quelle que soit la direction initiale d’une molécule lumineuse, tant qu’elle se meut dans le vide ou dans un milieu physiquement et chimiquement homogène, c’est-à-dire, dans un milieu dont la nature et la densité sont partout les mêmes, elle suit une direction exactement rectiligne ; de telle sorte que la pesanteur terrestre ne paraît exercer sur elle aucune action appréciable[1] ;

  1. La preuve expérimentale qu’on apporte de cette propriété de la lumière, dans la plupart des traités de physique, m’a toujours paru une véritable pétition de principe. On nous dit, par exemple, qu’un rayon solaire, reçu dans une chambre obscure, par un trou fait au volet, enfile exactement un long tube rectiligne, quelque petit d’ailleurs qu’en soit le diamètre intérieur ; mais on ne nous explique pas comment on peut s’assurer, au préalable, que ce tube est rectiligne. Ce ne sera sûrement pas au coup d’œîl qu’on en jugera ; car si, par aventure, le mouvement de la lumière était curviligne, il faudrait que la direction de l’axe du tube le fût également pour qu’on pût, en plaçant l’œil à une de ses extrémités, apercevoir les objets situés dans le prolongement de cet axe ; c’est même là ce qui arriverait inévitablement, à raison des réfractions atmosphériques, si le tube était excessivement long et non vertical. Il ne suffit donc pas que le rayon enfile le tube, pour que la direction de la lumière soit reconnue rectiligne ; il faut, en outre, qu’il ne cesse pas de l’enfiler, lorsqu’on fera tourner ce tube dans deux colliers fixes, situés à ses extrémités ; car il n’y a que la ligne droite dont la situation soit unique entre deux des points de sa direction.