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Page:Annales de mathématiques pures et appliquées, 1830-1831, Tome 21.djvu/200

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et les déplacemens des autres citoyens de moins en moins nécessaires.

Il est essentiel de remarquer, avant d’aller plus avant, que, dans les diverses transactions entre les producteurs de toutes sortes, les échanges entre les objets de même dénomination ne pouvaient ni ne devaient constamment se faire dans les mêmes proportions, mais tantôt à l’avantage d’une denrée et tantôt à l’avantage d’une autre ; car, indépendamment de la plus ou moins bonne qualité, qui peut faire plus ou moins rechercher une même denrée, on conçoit facilement que si, sur un même marché, le blé est tellement abondant qu’il ne soit pas certain que la totalité puisse en être échangée, et le vin tellement rare qu’il ne puisse satisfaire à toutes les demandes, les possesseurs de blé, dans la crainte de ne pas se défaire de leur denrée, feront, à l’envie, des offres séduisantes aux possesseurs de vin qui, de leur côté, se trouvant assaillis par la multitude toujours croissante des demandeurs, profiteront de la concurrence pour élever de plus en plus leurs prétentions dans les conditions d’échange. Il faudra donc se résigner à donner beaucoup de blé pour avoir un peu de vin : ce sera le contraire si, à l’inverse, le blé est rare et le vin abondant[1].

Le rapport de valeur des choses échangeables est donc de nature à varier sans cesse, suivant leur plus ou moins grande abondance ou rareté relative ; il varie aussi, à abondance relative égale, suivant que les demandes sont plus ou moins nombreuses ; et l’on conçoit que, pour des objets qui ne sont pas d’une né-

  1. Il ne faut pas perdre de vue qu’il doit en être exactement de même dans les conditions d’échange des denrées contre des services ou des services contre d’autres services ; et voilà pourquoi, par exemple, les médecins ne s’établissent pas très-volontiers en grand nombre dans un climat tressain.