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Page:Annales de mathématiques pures et appliquées, 1830-1831, Tome 21.djvu/342

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sont point avisées ; et chez lesquelles la langue écrite est essentiellement différente de la langue parlée. Aussi, tandis que tout le monde y sait parler comme parmi nous, on y rencontre très-peu de gens qui sachent lire et écrire ; et voilà, sans doute, pourquoi la civilisation y est depuis si long-temps stationnaire ; tant il est vrai que la destinée des peuples tient souvent à bien peu de chose.

De tous les systèmes de numération, le plus simple et le plus naturel sans doute qu’on puisse imaginer, et duquel, pour cette raison, on rencontre des traces presque partout, est celui qui consisterait à inventer un chiffre et un mot pour écrire et nommer l’unité, et à écrire ou énoncer un nombre quelconque, en écrivant ce chiffre ou en prononçant ce mot autant de fois que le nombre qu’il, agirait d’écrire ou d’énoncer contiendrait d’unités. On conçoit d’ailleurs que ce chiffre et ce mot ne pourraient être que de purs signes d’institution ; car un caractère d’écriture et un son de la voix ne sauraient avoir aucune liaison nécessaire avec l’idée générale de l’unité, qui est une idée purement intellectuelle ; mais, à cela près, telle langue des nombres serait très-naturelie, puisque rien n’est plus propre à donner l’idée du nombre que l’impression que nous recevons d’une collection de signes semblables. Le choix du chiffre et du mot seraient d’ailleurs tout à fait indifférent, il conviendrait seulement d’adopter de préférence un caractère facile à tracer et un mot d’une seule syllabe.

En destinant, par exemple, à cet usage notre chiffre et son nom un, qui remplissent complètement ces conditions, les nombres que nous appelons vulgairement un, deux, trois, quatre, … , c’est-à-dire, les nombres de la suite naturelle s’écriraient respectivement comme il suit :

i, ii, iii, iiii, …

et se prononceraient de la sorte :