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Page:Annales de mathématiques pures et appliquées, 1830-1831, Tome 21.djvu/344

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C’est aussi d’ordinaire le moyen auquel on a recours pour apprendre à compter aux enfans eu bas âge, auxquels on fait acquérir les premières notions sur les nombres, en leur montrant plusieurs objets semblables, tels que des jetons, des fruits ou même les doigts de la main. Mais nous ferons remarquer qu’en prononçant successivement les mots un, deux, trois, …, sur tous les doigts, comme ou le fait communément, on court le risque de leur faire prendre le change, et de leur faire croire que ces mots sont des noms individuels imposés aux différens doigts. Il faut donc ne prononcer le mot deux ni sur un doigt ni sur un autre, mais sur l’ensemble de deux doigts. On prononcera pareillement le mot trois sur l’ensemble de trois doigts, et ainsi du reste, en leur expliquant bien que chaque doigt isolé s’appelle un. Nous nous plaignons assez souvent du peu d’aptitude des enfans pour les choses que nous voulons leur enseigner, et nous ne songeons pas que, la plupart du temps, la lenteur de leurs progrès a pour cause principale notre maladresse dans la manière de les instruire.

Quelque simple et ingénieuse qu’une invention puisse paraître à certains égards, ce n’est qu’après l’avoir envisagée sous toutes ses faces que l’on peut exactement en apprécier le mérite. Examinons donc si les avantages, incontestables d’ailleurs, du système de numération que nous venons de décrire ne se trouveraient pas plus que compensés par les inconvéniens de diverses sortes que pourrait entraîner son adoption.

Un inconvénient qui frappe d’abord, c’est qu’un nombre un peu grand, écrit suivant ce système, occuperait un espace fort considérable, et qu’il faudrait beaucoup de temps pour l’écrire et guère moins pour l’énoncer. Ainsi, par exemple, en ne mettant que l’intervalle d’une ligne du pied de roi entre les chiffres et un intervalle d’une seconde entre les mots, l’année dans laquelle nous nous trouvons occuperait dans l’écriture une longueur de plus de