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LE DIX-SEPTIÈME CHAPITRE DU BHÂRATÎYA-NÂṬYA-ÇÂSTRA

drait encore un Bharata avec les quelques lacunes et les quelques passages désespérés qui se remarquent dans le chapitre ci-contre, que l'attente indéfinie d'une édition dont l'absence est si regrettable^^1.

Le traité de Bharata embrasse en trente-six chapitres tout ce qui concerne le théâtre de l'Inde : construction et agencement de la salle du spectacle ; mise en scène ; éducation des acteurs et distribution des rôles ; mimique, musique, chant et chorégraphie ; division des genres des pièces écrites ; poétique et rhétorique dramatiques ; métrique, etc., etc. Si l'on considère qu'en outre ce traité est vraisemblablement antérieur à l'ère chrétienne (voir Heymann, article cité) et que ce qui a été écrit plus tard dans l'Inde sur les mêmes sujets n'est guère que la répétition uu l'amplification de l'œuvre consacrée et autorisée entre toutes du vieux muni, on jugera que son livre est d'un intérêt aussi vif et aussi multiple que le serait un ouvrage sur les conditions scéniques et poétiques des pièces grecques, émané d'un contemporain d'Euripide ou d'un Alexandrin du temps d'Aristarque, et que de tous les manuscrits sanscrits de l'époque classique qui restent à publier, il n'en est guère d'aussi importants à tous égards que le Bhâdratbja-Nûlya-Çâslra. Ces raisons suffisent, je le pense, à expliquer et à justifier mon entreprise.

1 M. Ileymann exprime l'avis que le ms. de VAsintic Societi/ ne saurait servir de ijase à une édi-Uuii critique. Ce manuscrit, fût-il très correct, ne saurait etieotivement répondre à lui seul au but indiqué par le savant professeur, car la première condition d'une édition critique, dans toute l'acceptjoii du mot, est l'établissement du texte au moyen de la collation de différents manuscrits. Mais si, comme je pense, M. Heymann a simplement voulu dire que notre ras. est impropre à la constitution d'un texte à peu près sûr dans sa plus grande partie, et au moins acceptable et utile en attendant des circonstances éventuelles qui permettent d'atteindre un résultat meilleur, il a, à mon sens, formulé un jugement trop rigoureux. Ce jugement s'explique cependant, si l'on tient compte de ce fait que M. Heymann a du surtout avoir en vue le premier adliynya, sur lequel porte principalement son travail, et qui fourmille d'incorrections et de lacunes indiquées par des blancs, Il est probable que les premières feuilles du ms. servant d'original au scribe étaient en raauvais état et qu'en cet endroit les causes d'erreur se sont multi]iliées ainsi pour lui dans de grandes proportions (les blancs se représentent aux derniers feuillets et apportent ainsi une nouvelle preuve il ma conjecture). Une chose certaine, c'est que les adhyât/as suivants, du moins ceux que j'ai étudiés jusqu'ici d'une manière spéciale, sont beaucoup moins tautifs et ne présentent d'autres solutions de continuité dans l'écriture que celles nécessitées par des gerçures dans les feuilles de palmier sur lesquelles les caractères sont tracés.