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avadâna-çataka I, 10 (10)

(Répétition de ce qu’on a vu plus haut).

Or, dans le combat, le roi de Koçala, Prasenajit, vainquit complètement le roi de Magadha Ajâtaçatru et le prit vivant.

Puis le roi de Koçala, Prasenajit, eut cette pensée : « Pourquoi ce roi de Magadha, Ajâtaçatru, fils de Vedehi, agit-il mal envers moi qui n’agis pas mal envers lui ? Et cependant il est mon neveu ! ne ferais-je pas bien de rendre au roi de Magadha Ajâtaçatru, fils de Vedehi, tout son corps d’éléphants, etc. et de le laisser aller en vie ? » — Et le roi de Koçala, Prasenajit, ayant rendu au roi de Magadha Ajâtaçatru, fils de Vedehi, tout son corps d’éléphants, etc., le laissa aller vivant.

Cependant beaucoup de Bhixus, s’étant levés de bon matin, etc., etc. (répétition de ce qu’on a vu plus haut)… puis ô vénérable, le roi de Koçala, Prasenajit, avant rendu au roi de Magadha tout son corps d’éléphants… le laissa aller vivant. » Tel fut leur discours.

Alors Bhagavat, ayant connu cette affaire prononça à celte heure même ces gâthâs :

L’homme tourmente (son semblable) aussi longtemps qu’il y trouve du profit, et quand d’autres le tourmentent, tourmenté qu’il est, il tourmente à son tour.

L’ignorant pense à l’étourdie, tant que le mal ne mûrit pas pour lui, et, lorsque le mal mûrit, alors l’ignorant subit la douleur.

Tout meurtrier finit par être victime d’un meurtrier, tout victorieux d’un vainqueur.

Tout diseur d’injures d’un diseur d’injures, tout homme colère d’un homme colère.

C’est ainsi que, par la révolution des actes, celui qui a été tourmenté tourmente à son tour.

IV. Le vers de l’Avadâna n° 10 ou, pour mieux dire, le vers du premier des Sûtras palis qu’on vient de lire est le 201 du Dhammapada et est expliqué dans le commentaire de cet ouvrage, par le récit suivant qui est une troisième version de la guerre entre Prasenajit et Ajâtaçatru :

Le roi de Koçala étant sorti dans la direction du village de Kâçi, combattit son neveu Ajâtaçatru, et fut vaincu par lui trois fois. la troisième fois, il se prit à penser : Comment ? je ne puis triompher d’un enfant pour ainsi dire) à la mamelle. Qu’ai-je affaire de vivre ? Et, renonçant à la nourriture, il tomba sur son lit.

La nouvelle de ce qui lui était arrivé se répandit partout dans la ville et dans le monastère. Les Bhixus le firent savoir au Tathâgatta : Vénérable (dirent-ils), le roi s’est avancé jusqu’au village de Kâçi : il a été vaincu trois fois ; et maintenant, de retour après sa défaite : « Je n’ai pu, dit-il, triompher d’un enfant (pour ainsi dire) à la mamelle, Pourquoi vivrais-je encore ? « Et ayant renoncé à la nourriture, il s’est laissé tomber sur son lit.

À l’ouïe de ce discours, le maître dit : « On a beau être victorieux, on fait naître la haine ; le vaincu est abîmé dans la douleur. » Après avoir ainsi parlé, il prononça la gâtha :

Un vainqueur produit la haine, etc.

Ce texte, comme on le voit, ne reproduit qu’une partie de l’histoire.