Page:Annales du Musée Guimet, tome 21.djvu/133

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
cvii
ZEND-AVESTA, — INTRODUCTION, III : LES GÂTHAS
l’avènement du nouveau monde (la frashô-kereti) : XXX, 8-9 ; XXXIV, 15 ; XLIII, 8 ; XLVIII, 2-3). Les hommes à la Résurrection passeront dans un bain de métal fondu (XXXII, 7 ; XXXIV, 4).


Telles sont les idées essentielles annoncées dans les Gâthas ; c’est le cercle même dans lequel se meut le Parsisme, et c’est pourquoi nous avons pu dans notre commentaire nous servir largement de la littérature sassanide et post-sassanide pour commenter ce document, le plus ancien de la Perse. Nous verrons plus tard, quand le lecteur aura en main tout l’Avesta, le rapport de ce document avec le reste du livre et les données historiques qu’il renferme. Pour l’instant, restant confiné dans notre tâche présente, nous remarquerons seulement que, si la traduction qui nous a conduit à cette conception est exacte, le mystère des Gâthas disparaît. Je veux dire que le mystère n’est plus dans les idées, puisque les idées sont celles avec lesquelles l’Europe est familière depuis longtemps, depuis la traduction du Saddar par Hyde : le mystère est uniquement dans l’expression des idées, dans les procédés de style.
L’obscurité des Gâthas n’est plus dès lors une obscurité de fond, mais déformé, et elle tient à trois causes différentes, différemment réductibles : obscurités verbales, obscurités formelles, obscurités de style. Les obscurités verbales tiennent aux particularités du lexique : elles se résolvent par le témoignage de la tradition[1] : quand ce témoignage fait défaut, nous sommes sans ressource[2], parce que les vagues combinaisons de l’étymologie ne nous fournissent que des possibilités subjectives, qui, étant donné le caractère technique des expressions, ont toute chance de nous laisser loin de la réalité. Les obscurités formelles, c’est-à-dire celles qui viennent de formes inconnues, sont plus difficilement réductibles, car la traduction pehlvie, pour la raison donnée plus haut (page c), en donnant le sens général du mot ou de la phrase où elles paraissent, ne peut en donner et ne vise pas à en donner la valeur grammaticale. C’est là l’ordre de difficultés
  1. àma pun astûbîh, indomptable (XXX, 7 b) ; vazdvaré, pîvarttvam, graisse (XXXI, 21 c) ; àzhush zûzak, hérisson (LIII, 7 b), etc.
  2. Yasna LI, 12 b-c : urùraost ashtὸ… caratascà aodereshcà zὸishenù vàzà. — LIII, 4 c : mêm béedush ; etc.