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ZEND-AVESTA, — INTRODUCTION, III : MATÉRIAUX
ments précieux et très sûrs sur les ères et les fêtes de la Perse ancienne. Albîrûnî avait accès à des sources perdues et authentiques, sans parler des sources orales ; son livre nous représente la tradition parsie de l’an 1000 environ ; il est pour une partie de la liturgie ce que le Shah Nâma est pour la légende.

V

Il nous reste à donner quelques explications sur l’esprit de la traduction et du commentaire que nous présentons au public.
Dans la traduction, j’ai dû me séparer de mon ami, M. West, qui reproche aux Français, « semblables en cela aux Orientaux, de ne pouvoir tolérer cette stricte exactitude de traduction, qui semble si désirable aux savants de race teutone ». Je ne me suis pas cru astreint à une transcription littérale, qui est impossible en fait, car aucun mot et aucune forme d’une langue européenne moderne ne peut couvrir exactement un mot et une forme d’une langue orientale ancienne, et la lettre tue nécessairement l’esprit. La ligne de conduite que j’ai suivie est celle que le vénérable Édouard Reuss a tracée en tête de sa traduction de la Bible en termes que je demande la permission de reproduire, car je n’aurais rien à y ajouter, « Pour moi, la chose essentielle était de rendre exactement le sens de l’original ; le style ne venait qu’en seconde ligne. La traduction, cela va sans dire, doit être fidèle ; mais la fidélité consistera en ce que l’esprit du lecteur, obligé de s’en tenir à une rédaction de seconde main, en reçoit aujourd’hui la même impression que recevait autrefois le contemporain qui parlait lui-même la langue de l’auteur. Or ce but serait manqué si le traducteur s’attachait trop à la lettre d’un idiome absolument différent du nôtre, de manière à créer de nouvelles difficultés, là où il n’en existait peut-être pas pour le savant, à ceux-là précisément auxquels il voulait faciliter l’intelligence des textes. D’un autre côté, il n’oubliera pas qu’il s’agit ici de documents antiques qui, tout en servant au besoin des générations modernes, appartiennent cependant à l’histoire et commandent, en cette qualité aussi, le respect et la discrétion… La liberté de la