Page:Annales du Musée Guimet, tome 21.djvu/168

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
22
ANNALES DU MUSÉE GUIMET


et aussi la félicité suprême, que l’on obtient au ciel par l’asha. Ashavan désigne l’être d’asha, le fidèle idéal, le juste, et aussi le bienheureux du paradis, un ashavan sur terre faisant un bienheureux au ciel. Nous avons employé en général les mots « sainteté » et « saint » qui sont assez généraux pour pouvoir s’appliquer à la plupart des cas, et donner en même temps une idée de la hauteur d’idéal que le mot asha comporte, sans nous défendre, quand la traduction ordinaire aurait prêté à obscurité ou erreur, d’employer d’autres expressions pour asha : la vertu, le bien, ou le salut, la félicité ; pour ashavan : le juste, l’homme de bien, ou le bienheureux.
La définition la plus complète d’Ahura Mazda est donnée par la formule du Vendidad II, 1, qui résume tout ce qui précède :
Ahura Mazda, mainya spénishta, dâtare gaêthanãm astvaitinãm, ashâum : Seigneur omniscient. Esprit très bienfaisant, créateur des mondes corporels, saint !
Ahura Mazda réside dans le ciel suprême, le Garô-demâna, dans la Lumière infinie (Anaghra raocâo), qui est son lieu et son corps 6[1], Angra Mainyu réside dans les Ténèbres infinies. La création a été amenée par une attaque d’Angra Mainyu sur la lumière : Ahura la repousse en prononçant les vingt et une paroles de l’Ahuna vairya (v. Hâ XIX), qui le frappent d’impuissance et le font retomber dans les ténèbres. Pendant son trouble, Ahura, avec la lumière cosmique, crée les six Amesha-Speñtas pour l’aider dans la création et le gouvernement du monde.
Ahura Mazda est un ancien dieu du ciel, à la façon de Varuṇa, de Zeus, de Jupiter ; et si largement que se soit développé le côté spiritualiste et moral de sa nature, au détriment de ses attributs naturalistes, il reste encore de ceux-ci des traces suffisantes pour qu’il soit nécessaire d’en tenir compte, même dans une exposition des conceptions du dernier état. C’est comme ancien dieu du ciel qu’il a pour corps et lieu la Lumière infinie, ce que les anciens Perses exprimaient en appelant Zeus, c’est-à-dire Auramazda, la

    — L’Asha est célébré dans une prière qui est une des plus saintes du rituel : l’Ashem vohù : voir Hà XIX.

  1. 6. Voir plus haut, Yasna I, note 4.