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ANNALES DU MUSÉE GUIMET


ciel 4[1] » (Frâmaj, ad Vd. XXI). Cette interprétation repose sans doute sur le passage du Vd. XXI, 7, où Ahura envoie son messager Nairyô-saňha, à la « maison d’Airyaman », implorer son secours contre les maladies créées par Ahriman. Airyaman semble être une incarnation de la piété soumise, une contre-partie masculine d’Armaiti (arya-man yé arém manyâtà « celui qui pense comme il convient », par opposition à celui yé taré manyàtà « qui pense insolemment » ; v. XLV, 11, note 35).

L’Airyama ishyô n’est pas une Gâtha, mais il fait partie, comme le Yasna haptaňhâiti, de la littérature gâthique et, comme lui, il est commenté dans les trois Nasks spécialement consacrés au commentaire des Gâthas (Dînkart, IX ; Sûtkar, 23 ; Varshtmânsar, 46 ; Bak, 68). Le Bak Nask l’appelle « le dernier frashn en dehors des cinq Gâthas, afdùm frashn tarêst 5 gâsân » ; le mot frashn, frashna, litt. « question », qui désigne d’une façon générale les révélations d’Ahura, faites dans ses entretiens avec Zoroastre et en réponse à ses questions, étant ici employé, par opposition au terme Gâtha, pour désigner les parties non métriques ou d’un mètre moins exact 5[2].

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1. A Airyama ishyô. — Qu’Airyaman qui comble les vœux vienne ici pour la joie des hommes et des femmes de Zarathushtra 6[3] ! Pour la joie de Vohu Manô 7[4] ! Avec la récompense désirée que la Religion mérite 8[5] !
  1. 4. Dans les Védas, aryaman signifie l’ « ami » comme Mitra et c’est le nom d’un Aditya invoqué avec Mitra et Varuna. C’est un vague dédoublement de Mitra.
  2. 5. Dans la technique védique praçna désigne une division du texte de trois vers. L’Airyaman a trois lignes, et de même le Yasna Haptaňhàiti, selon le Cîm î Gâsân, § 51, est composé de stances de trois lignes. On pourrait donc penser que frashn est un terme technique emprunté, par voie savante, à l’Inde. Mais je doute qu’il y ait là plus qu’une rencontre accidentelle, car on ne peut séparer frashn du zend frashna qui appartient à un tout autre ordre d’idées que praçna, ce dernier étant né dans le cercle limité de l’école et étant un terme d’enseignement (la leçon que récite un élève). Cf Hâvan Gâh, 6 (vol. II, 712), n. 7.
  3. 6. Vienne combler les vœux des fidèles.
  4. 7. Pour la joie des honnêtes gens.
  5. 8. La récompense céleste (mizdî nînôi). Le fidèle, homme ou femme, dit Fràmji, obtiendra la coupe où l’on boit la liqueur de Maidyôzarm » (l’ambroisie : Yasht XXII, 18).