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ANNALES DU MUSÉE GUIMET

doivent être abandonnées ; l’homme qui n’avait pas d’égal dans le monde, le Tathâgata, qui avait acquis de grands pouvoirs et des yeux clairvoyants, un pareil maître aussi à la fin est mort.

Et enfin Âyouchmat Anirouddha dit : — Celui qui était un protecteur doué d’un esprit solide, celui qui avait obtenu la fermeté et la tranquillité, son souffle d’expiration et d’aspiration étant arrêté, l’être à l’œil clairvoyant s’est éteint à la fin. Quand le maître par excellence a été délivré de la douleur, j’ai été grandement troublé, ma chevelure s’est dressée. Pour lui, il était sans crainte ; il était au delà des objets des sens ; son esprit s’était dégagé. Tant de lumière est éteinte aujourd’hui.

Aussitôt que le Bouddha Bhagavat fut délivré de la douleur, quelques Religieux se roulèrent à terre ; quelques-uns, croisant leurs bras, poussèrent de grands cris ; quelques-uns, accablés de chagrin, s’assirent sans remuer ; quelques-uns, qui se reposaient sur la religion, dirent : — Le Victorieux qui nous instruisait eu toutes choses, qui était doux, agréable, et cher au cœur de tous, le voilà disparu, anéanti, détruit, perdu pour nous.

Alors Ayouchmat Aniroudda dit à Ayouchmat Ananda : — Si par quelques moyens de douceur vous n’apaisez pas les Religieux, les dieux qui vivent pendant plusieurs centaines de Kalpas, diront avec reproche et dédain : — Il y a là bien des Religieux qui ont pris le caractère religieux d’après les excellents préceptes de la discipline, mais qui n’ont ni jugement ni réflexion.

Ananda demanda à Anirouddha : — Savez-vous combien il y a de dieux présents ?

— Ananda, dans l’espace qui sépare la cité de Kouça de la rivière Yigdan ; depuis le bosquet des deux Salas jusqu’au Tchâitya, orné au sommet par les Mallas, douze milles (chacun de quatre mille brasses) à la ronde sont remplis, sans qu’il y ait un seul vide, par des dieux sages et très puissants ; il n’y a pas de place laissée par les dieux inférieurs où fixer un bâton. Quelques-uns de ces dieux se roulent à terre ; quelques-uns croisent leurs bras en poussant des gémissements ; quelques-uns, accablés par la grandeur de leur chagrin, restent immobiles ; quelques-uns, se reposant sur la religion, disent etc. (comme plus haut).