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était revêtu — qu’aux personnages les plus importants du pays, sans avoir le temps ni l’occasion de s’entretenir familièrement avec les gens de petite condition. Ses appréciations ne portent donc que sur un petit nombre de personnes, faisant partie de l’élite de la nation et naturellement d’un niveau de culture bien supérieur même à la moyenne. Pour le reste, il ne peut guère que rapporter des on-dit suspects d’exagération, en lesquels nous ne saurions avoir qu’une confiance extrêmement limitée.

Il en est tout autrement avec Hodgson, le savant illustre dont tout le monde connaît les magnifiques travaux et les précieuses découvertes, surtout dans le domaine de la linguistique et la littérature sanscrite, népaulaise et tibétaine, et de l’histoire du bouddhisme du Nord. Son impartialité, sa compétence et la sûreté de ses informations ne peuvent être mises en doute. Or, voici ce que nous dit Hodgson au sujet de la diffusion de l’instruction élémentaire dans le Bhot (Tibet) et le Népaul[1] : « La grande masse de la littérature du Népaul est relative à la religion bouddhique, et les principaux ouvrages ne se rencontrent que dans les temples et les monastères ; mais on peut obtenir beaucoup de livres moins importants des petits marchands et des moines, qui, tous les ans, visitent le Népaul par des motifs religieux et pour leurs affaires.

« Ces livres sont probablement des ouvrages populaires appropriés à la capacité et aux besoins des classes inférieures de la société, et il est réellement singulier qu’une littérature quelconque existe parmi cette sorte de gens dans un pays tel que le Bhot ; cela est d’autant plus remarquable qu’on la retrouve répandue même chez les hommes couverts d’ordure et privés de tous les objets de luxe qui, du moins dans nos idées, précèdent le culte des livres.

  1. B. H. Hodgson, Notice sur la langue, la littérature et la religion des Bouddhistes du Népal et du Bhot ou Tubet ; Nouv. Journal Asiatique, t. VI, p. 95, et Essais, p. 10 (in-8o, Londres 1874).