Page:Annales du Musée Guimet, Bibliothèque d’études, tome 12-13.djvu/144

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Chez les pasteurs, les hommes s’occupent exclusivement de la garde et des soins des troupeaux ; toute la besogne de l’intérieur repose sur la femme. Elle trait les vaches, fait le beurre et les fromages, prépare la nourriture de la famille, récolte le fumier séché (argol), qui sert de chauffage, soigne les enfants, tanne les peaux, file la laine, tisse les étoffes, coud les vêtements[1].

2. Industrie. — Sous le rapport de l’industrie, le Tibet est assez bien partagé. S’il ne possède pas des centres importants, comme la Chine par exemple, grâce à l’activité et à l’adresse individuelle de ses habitants, il parvient à tirer des matériaux que fournit son territoire à peu près tout ce qui est indispensable à l’existence et même un peu au luxe, non seulement en quantité suffisante pour sa consommation, mais même assez pour pouvoir faire quelques exportations. À part les céréales, il ne demande guère à ses voisins que des articles de luxe. Les principales branches de son industrie sont le tissage des étoffes de laine, la teinture, la fabrication du papier et le travail des métaux.

Étoffes. — Les étoffes de laine fabriquées au Tibet[2] jouissent d’une grande réputation, non seulement dans le pays même, mais encore dans les contrées voisines, en Tartarie, en Mongolie et jusqu’en Chine. La filature de la laine et le tissage des étoffes paraissent être exécutés également par les femmes et par les hommes[3]. Les outils dont on se sert

  1. Huc, Voyage dans la Tartarie et le Thibet, t. I, p. 65.
  2. D’après W. W. Rockhill (Report of the U. S. Nat. Museum 1893, p. 698), l’industrie du tissage était pratiquée au Tibet avant l’arrivée des Chinois en ce pays.
  3. Ici encore nous nous trouvons en présence de renseignements contradictoires. M. l’abbé Desgodins nous dit (Mission, p. 273) : « Ce sont les femmes qui filent la laine dont on fait les draps et les étoffes », et (p. 272) « Au Thibet, la profession de tisserand n’est exercée que par les femmes » ; mais, de son côté, le P. Huc (Voyage, t. II, p. 260) dit non moins formellement : « Les hommes, quoique moins laborieux et actifs