Page:Annales du Musée Guimet, Bibliothèque d’études, tome 12-13.djvu/147

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employés, surtout dans le Khams et le Tsang, à la confection des bonnets et des couvertures de selles.

À Lhasa, exceptionnellement, on tisse quelques étoffes de soie unies et façonnées, notamment les fameux khatas, ou écharpe, que l’on offre par politesse. La soie vient de Chine ou de l’Inde, car, bien que le Tibet possède quelques mûriers, on n’y élève pas de vers à soie ; moins, peut-être, à cause de la difficulté de leur éducation, que parce que, pour filer la soie, il faut ébouillanter les cocons, et par conséquent tuer les vers, c’est-à-dire commettre le crime le plus impardonnable d’après les doctrines bouddhiques[1].

Teinture. — L’art d’embellir les étoffes et de varier à l’infini leur aspect au moyen des couleurs, est en grand honneur et fort répandu au Tibet. Les femmes y sont expertes dans chaque famille à enjoliver de couleurs vives et presque indélébiles les draps tissés à la maison. Même, à Lhasa, c’est une véritable industrie, aux mains d’une corporation, et fort prospère, encore qu’elle soit réglementée par des lois protectionnistes sévères qui interdisent de teindre d’autres étoffes que celles fabriquées dans le pays[2]. On ne se sert que de couleurs végétales, notamment la garance pour le rouge et l’indigo pour le bleu. Les teinturiers de Lhasa sont même assez habiles pour savoir imprimer ou peindre sur la chaîne les dessins qui doivent se reproduire dans l’étoffe tissée[3] ; cet art, où ils sont renommés, contribue pour beaucoup à la vogue des tissus tibétains dans toutes les contrées avoisinantes.

Métallurgie. — Le Tibet, nous l’avons déjà dit[4], est riche en métaux de toute nature ; mais deux causes très sérieuses restreignent dans de grandes proportions l’usage des inappréciables richesses de son sol : l’insuffisance de

  1. Desgodins, Mission, p. 273.
  2. Huc, Voyage, t. II, p. 268.
  3. Desgodins, Mission, p. 273.
  4. Voir p. 24.