Page:Annales du Musée Guimet, Bibliothèque d’études, tome 12-13.djvu/153

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plus recherchées se fabriquent à Lhasa, à Lithang et à Bathang.

N’oublions pas enfin, pour en terminer avec les industries du Tibet, un article d’une immense consommation dans l’intérieur du pays et en Chine, où il est fort apprécié ; le bâtonnet d’encens. Ces baguettes — qui brûlent continuellement devant les images des Bouddhas sur les autels des temples et dans les maisons particulières — se fabriquent avec des bois aromatiques, parmi lesquels le santal domine, réduits en poudre fine, mélangés de musc, pétris avec de la résine odorante et moulés en cylindres minces de 30 ou 40 centimètres de longueur. Ils répandent en brûlant un parfum assez agréable. Les deux sortes les plus estimées, la violette et la jaune, se fabriquent dans la province de Tsang[1].

3. — Commerce. — Du haut en bas de l’échelle sociale, tout le monde fait du commerce au Tibet. Le Dalaï-lama, le Pantchen Rinpotché, le vice-roi, les ministres, les khampos, et les hauts fonctionnaires, à qui leur dignité défend de mettre eux-mêmes la main aux affaires, ont tous des intendants chargés de trafiquer en leur nom et à leur bénéfice ; chaque monastère possède un économe qui spécule, monopolise, accapare, agiote, escompte, prête à usure pour la plus grande gloire du Bouddha et le plus grand profit du couvent ; en son particulier, chaque lama, sans plus se soucier du vœu de pauvreté qu’il a juré trop jeune pour pouvoir s’en souvenir, outre les offices, les exorcismes, les prédictions, les prières, les charmes et les amulettes qu’il se fait payer aussi cher que possible, achète et vend tout ce qui peut lui rapporter un bénéfice quelconque[2]. À plus forte raison la classe moyenne et les gens

  1. Klaproth : Description du Tubet ; Nouv. journ. asiat., t. IV, p. 302.
  2. Desgodins : Mission, p. 279.