Page:Annales du Musée Guimet, Bibliothèque d’études, tome 12-13.djvu/176

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

un livre sacré ; médecin, il soigne les maladies des hommes et des bestiaux par des simples de lui connus et le plus souvent par des charmes et des incantations magiques, procédé tout indiqué puisque la maladie est l’œuvre d’un démon ; enfin, détenteur de la science sacrée et profane, c’est lui qui enseigne aux enfants des laïques les connaissances indispensables : un peu de lecture, d’écriture et de calcul, surtout les préceptes de la religion.

Les religieux Bonpos paraissent se préparer à leur sacerdoce par quelques pratiques ascétiques, par l’étude des livres sacrés, de la magie et de la sorcellerie, et se soumettre à certaines règles de discipline monacale, entre autres le célibat, bien qu’il ne semble pas que ce soit une obligation absolue. Leur morale est, dit-on, fort relâchée et leur conduite rien moins qu’exemplaire. Ils vivent réunis, quelquefois très nombreux, dans des monastères, appelés Bon-ling, souvent fort riches, sous la direction d’un supérieur élu par la communauté, seule hiérarchie qu’ils reconnaissent. On dit cependant que certains supérieurs de grands monastères sont des incarnations perpétuelles (à l’imitation des Lamas incarnés) de Çenrab-Mibo et d’autres dieux. Il existe aussi des monastères de religieuses, qui sont nommées Bon-mos.

En ce qui concerne la morale, l’eschatologie et la métaphysique, la religion Bon suit des doctrines à peu de chose près identiques à celles du Boudhisme, sauf qu’elle est moins stricte sur l’observation du précepte de l’Ahimça, ou préservation de la vie de tous les êtres animés. Du reste, au dire des Lamas, ses livres ne sont que des plagiats, des contrefaçons altérées des écritures bouddhiques. Elle les a même imitées jusqu’à s’attribuer, à elle aussi, un synode ou concile, tenu dans les grottes de Sangba’i Bonp’oug, au pays de Mangk’ar, auquel assistèrent des sages et des religieux venus de l’Inde, de la Perse et de la Chine pour collaborer avec les Bonpos tibétains à la rédaction des