Page:Annales du Musée Guimet, Bibliothèque d’études, tome 12-13.djvu/180

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Tibet, dont ils constituent aujourd’hui encore une partie importante de la population. Ils sont nombreux surtout dans la région orientale limitrophe du Ssé-tchouen et du Yun-nan. À la fin du XVIIIe siècle, cependant, le gouvernement chinois tenta d’anéantir leur croyance au profit du Lamaïsme et fit détruire par la force armée leurs monastères et autres monuments religieux ; mais temples (Bon-K’ang) et monastères (Bon-ling) se relevèrent de leurs ruines et actuellement, au dire des explorateurs européens, les Bonpos sont encore en majorité dans le Khams oriental. On constate, toutefois, qu’ils tendent de plus en plus à se fondre avec les adeptes de la secte Nyigmapa ou Lamas rouges.

2. Introduction du Bouddhisme au Tibet. — Le Lamaïsme. — Telle était, mais sans doute plus grossière et moins systématisée, la croyance indigène avec laquelle le Bouddhisme eut à lutter lors de son introduction au Tibet, événement que nous pouvons dater d’une façon positive grâce aux constatations des Annales chinoises qui le placent sous le règne de l’empereur Taï-tsoung, de la dynastie des Thang (627-650). Les Tibétains, bien entendu, lui attribuent une date bien plus éloignée, antérieure d’au moins un millier d’années ; mais nous n’avons pas à tenir compte d’allégations purement légendaires et fabuleuses, — contredites d’ailleurs par tout ce que nous savons de l’histoire du Bouddhisme indien, — que nous passerions même sous silence si elles ne jouissaient d’une créance universelle parmi le peuple et ne se trouvaient consignées dans les livres pseudo-historiques du Tibet, tels que le Gyelrab (rgyal-srabs), le Mani-Kamboum (ma-ni-bkāh-bum)[1], etc. La seule tradition vraisemblable de cette période, qu’on peut

  1. L. A. Waddell : Lamaism, p. 19, Desgodins : Mission du Thibet, p. 215.