Page:Annales du Musée Guimet, Bibliothèque d’études, tome 12-13.djvu/193

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déjà paru sur la terre, Krakoutchanda, Kanakamouni, Kâcyapa et Çâkyamouni ou Gautama. Le cinquième, Maitreya, doit apparaître cinq mille ans après le Nirvana de Gautama. Mais là ne s’est pas arrêté l’imagination féconde des Mahâyânistes de toutes sectes. Ils ont peuplé les « trois mille grands milliers de mondes », qui constituent l’univers, de mille Bouddhas de même nature que les Manouchi, sans compter les Pratyéka-Bouddhas et la foule innombrable des Bodhisattvas, aspirants à la dignité de Bouddhas, dont quelques-uns passent pour avoir vécu sur la terre et les autres sont de pures abstractions ; puis au-dessous de ces êtres supérieurs se presse la multitude des dieux brâhmaniques et locaux adoptés par le Bouddhisme, mais dépouillés de leur immortalité, soumis encore à la renaissance et à la mort, jusqu’à ce qu’ils aient mérité le rang de Bouddha ou de Bodhisattva, et dont les noms jadis individuels sont devenus des appellations collectives de groupes accessibles à tous les hommes suivant leurs mérites. Toutefois, chaque groupe a un chef, qui correspond plus exactement à l’ancien dieu indien, désigné par l’épithète de Mahâ « grand » qui précède son nom, Mahâ-Brahma, Mahendra[1], etc. Il est à remarquer que, dans le système Mahâyâna, Bouddhas, Bodhisattvas et dieux sont de pures abstractions personnifiant des idées et non plus des forces ou des phénomènes naturels.

Une autre innovation intéressante à constater est l’invention du paradis temporaire de Soukhâvatî, région bienheureuse de l’ouest présidée par Amitâbha, but que la grande masse des fidèles ambitionne d’atteindre de préférence à la félicité du Nirvâna trop difficile à acquérir et peut-être aussi trop vaguement définie.

Toi était le bouddhisme tout à la fois élargi et corrompu que Çânta Rakchita et Padma Sambhava apportèrent au

  1. Mahā-Indra.