Page:Annales du Musée Guimet, Bibliothèque d’études, tome 12-13.djvu/257

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de la vie. Il est à constater, cependant, à leur honneur, que les Lamas de la secte orthodoxe se refusent autant qu’il est en leur pouvoir de se prêter à ces pratiques condamnées par Tsongkhapa et les docteurs de la secte, bien qu’ils soient souvent contraints de les mettre en œuvre pour satisfaire les désirs de leurs fidèles laïques.

Nous n’avons parlé, jusqu’à présent, que des religieux ; il existe également à côté d’eux des communautés de religieuses, ou Gelong-ma, instituées sur le modèle des confréries de Bhikchounis indiennes. Il est à peine nécessaire de rappeler ici avec quelle répugnance le Bouddha consentit à l’institution des communautés de femmes : il ne s’y décida que sur la prière, plusieurs fois réitérée, de sa tante, Mahâ Pradjâpatî Gautamî, et de sa femme, Gopâ ou Yaçodâ, et sur les instances de son disciple favori, Ananda, qu’il chargea de la direction de la communauté féminine, pour le punir, dit-on, de son insistance inconsidérée par les soucis et les difficultés incessantes qu’il devait éprouver dans cette charge délicate. Les religieuses sont soumises aux mêmes obligations que les hommes, portent le même costume, avec cependant la robe plus longue, doivent, elles aussi, sacrifier leur chevelure, mais de plus leur discipline est sensiblement plus sévère : elles ont à observer deux cent cinquante-huit règles de conduite, au lieu de deux cent cinquante. Enfin elles doivent le respect et l’obéissance à tous les moines, quel que soit leur grade, et chacun de leurs couvents, bien qu’ils aient une abbesse, sont soumis à la direction spirituelle et disciplinaire d’un moine âgé du monastère le plus proche, qui préside même à la confession générale du Pratimokcha.

Les religieuses ont, paraît-il, été un moment très nombreuses au Tibet ; aujourd’hui leur nombre a beaucoup diminué. Leur ordre principal a pour siège le monastère de Samding[1] sur le lac de Palté ou Yamdok, dont l’abbesse

  1. Bsam-lding.