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L’usage du chapelet n’est pas exclusivement réservé aux religieux : tous les laïques, hommes et femmes, le portent continuellement sur eux et s’en servent à tous moments pour la comptabilité des prières qu’ils murmurent du matin au soir. Le chapelet des laïques se distingue de celui des Lamas en ce que chaque dizaine est marquée par un grain plus gros et de matière différente. Souvent aussi, il n’a que trente grains, nombre jugé suffisant dans la plupart des cas. De même également les laïques ont toute liberté pour le choix de la matière de leurs chapelets, de pierres précieuses de couleur variée pour les gens riches, d’os, de verroterie ou de simples baies séchées pour la grande masse du peuple. Porté autour du cou ou enroulé autour du bras ce devient un accessoire indispensable de la toilette féminine et masculine.

Il est un autre ustensile religieux qui le dispute en importance au chapelet, le K’or-lo, cylindre ou moulin à prières. Cet objet, précieux au dévot, se compose d’un cylindre métallique tournant autour d’un axe inséré dans un manche en bois et contient un rouleau d’étoffe ou de papier sur lequel sont écrites ou imprimées des prières (ordinairement la formule mystique Om Mani Padmé Houm, répétée des milliers de fois) ou des passages des écritures. Chaque fois qu’on fait tourner le cylindre dans le sens voulu, c’est-à-dire de droite à gauche, on obtient le même mérite que si l’on avait effectivement lu, d’un bout à l’autre, toutes les prières écrites à l’intérieur.

Mais, si universellement usité qu’il soit, on ne se contente pas du cylindre à main. Dans les cours des monastères, le long des avenues qui y conduisent, se voient des rangées d’énormes cylindres renfermant des sections entières des écritures sacrées, que les passants ne manquent jamais de mettre en mouvement d’une poussée de main ; et, mieux encore, sur le sommet des montagnes et le long des cours d’eaux on rencontre partout de ces immenses cylindres