Page:Annales du Musée Guimet, Bibliothèque d’études, tome 12-13.djvu/294

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sions de s’exercer à l’occasion des diverses aventures de la vie courante et surtout en cas de maladies, toutes, on le sait, causées par des démons, et selon les circonstances il revêt des formes variées. Dès qu’il est appelé, la première chose que doit faire le Lama c’est de déterminer par une opération magique quel est le démon qu’il a à combattre, les formules à réciter et les moyens à employer pour le vaincre variant selon sa nature et sa puissance. Dans certains cas de maladie, par exemple, si le démon est jugé peu dangereux, il suffira de clouer à la porte de la maison du patient l’image d’un coq (animal dont le chant met en fuite les mauvais esprits), après que le prêtre, armé du dordjé ou du p’ourbou, aura prononcé la dhâranî appropriée et conjuré l’esprit malfaisant de se retirer au plus vite s’il ne veut être mis en pièces et détruit par la puissance de ces deux armes magiques auxquelles rien ne peut résister. D’autres fois, il faudra dessiner sur un morceau de papier ou modeler en pâte la figure du démon que l’on brûlera ensuite en en dispersant les cendres au vent. D’autres fois encore, on aura recours à une procession autour du malade ou de la maison, avec accompagnement d’une musique bruyante.

Mais de toutes les pratiques magiques, celles qui répondent le plus aux besoins du peuple, ce sont les diverses méthodes de divination. À quelque classe de la société qu’il appartienne, aucun Tibétain n’entreprendrait la chose la plus insignifiante sans avoir consulté le sort sur le résultat de son entreprise et le moment favorable pour l’accomplir : à plus forte raison en va-t-il de même quand il s’agit d’événements sérieux tels que naissance, mariage ou mort. Pour se renseigner, il s’adressera au devin-astrologue qui, par la position respective des astres au moment où on le consulte comparée avec celle qu’ils occupaient à l’instant de la naissance de la personne en cause pronostiquera, par exemple, si les caractères et les destinées de deux fiancés s’accordent, si leur mariage sera heureux et fécond, celui