Page:Annales du Musée Guimet, Bibliothèque d’études, tome 12-13.djvu/66

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se réduire à deux : la classe gouvernante, composée des lamas, des nobles et des fonctionnaires, et la classe des contribuables, comprenant les quatre autres ordres.

2. Caractère. Mœurs. Usages. — Les difficultés les plus grandes et les plus inextricables auxquelles on se heurte quand on entreprend l’étude d’un pays peu connu, sont incontestablement les contradictions des voyageurs qui l’ont visité. Souvent, par une comparaison attentive et minutieuse de leurs récits, surtout quand il s’agit de faits matériels, il est possible de faire la part de l’exagération, des idées préconçues, du parti-pris de chaque auteur, de ses sympathies ou de ses antipathies, de démêler ce qu’il peut y avoir de trop général dans des observations ou superficielles ou portant sur des cas particuliers, et d’en dégager une vérité moyenne à peu près acceptable ; mais il n’en va pas de même lorsqu’il s’agit d’appréciations de faits éminemment variables de leur nature, tels que les manifestations particulières à chaque individu des dispositions mentales et des sentiments dont l’ensemble constitue le caractère national d’une race. La difficulté devient alors presque insoluble, et l’historien impartial est contraint de se borner à présenter les opinions diverses, entre lesquelles il ne saurait faire un choix — s’il est convaincu de la véracité et de la compétence de leurs auteurs — sans risquer de tomber dans le défaut de parti-pris.

C’est précisément la situation embarrassante où nous nous trouvons en ce qui concerne le caractère du peuple tibétain, et, si nous croyons pouvoir expliquer les contradictions de nos auteurs par le fait que chacun d’eux n’a été à même d’étudier qu’une partie déterminée du pays, il

    seuls véritables maîtres du pays sont les lamas. À ces six classes, M. Desgodins en ajoute une septième, à laquelle nous doutons fort qu’on ait jamais reconnu une existence officielle : celle des brigands, les Kia-pa.