Page:Annales du Musée Guimet, Bibliothèque d’études, tome 12-13.djvu/80

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Malgré l’absence de toute intervention civile et religieuse, ces unions se rompent rarement. Quelle que soit la gravité des motifs invoqués, — l’adultère même ne donnant lieu qu’à un châtiment corporel pour la femme, et, pour son complice, à une indemnité pécuniaire à payer au mari, avec, dans la province d’Ou, l’exposition des coupables nus sur la place publique, — le divorce ne peut avoir lieu que par mutuel consentement, et, dans ce cas, aucun des divorcés ne peut se remarier[1].

Dans le peuple, toutes proportions gardées, les cérémonies du mariage se passent presque exactement de la même manière ; seulement le jeune homme fait lui-même sa demande aux parents de la jeune fille ; on supprime la cérémonie coûteuse de la tente, et la fiancée est conduite simplement par ses parents à la maison de son mari, où celui-ci l’attend entouré de sa famille et de ses amis[2].

Polyandrie et Polygamie. — Il se pratique, dans tout le massif de l’Himâlaya, une forme particulière de mariage, que tous les auteurs qui ont traité de ce sujet considèrent, à juste raison, comme la cause la plus sérieuse de la dépopulation de cette contrée, et qu’on appelle du nom de Polyandrie.

On sait en quoi consiste cette étrange coutume, d’un usage presque général dans la basse classe, parmi les petits marchands, les artisans, les agriculteurs et les pasteurs. C’est le mariage simultané d’une femme avec plusieurs maris. L’affaire se passe, du reste, toujours en famille. Plusieurs frères — quelquefois jusqu’à quatre et cinq — se réunissent pour épouser une femme qui devient leur épouse commune, tient leur ménage et s’occupe de tous les détails d’intérieur, tandis qu’eux apportent à la communauté le fruit de leur travail au dehors. Certains de ces ménages en

  1. S. Turner, Ambassade au Thibet, t. II, p. 148.
  2. Id., id., t. II, p. 148.