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Page:Annales du Musée Guimet, Bibliothèque d’études, tome 22-23.djvu/648

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jours à bon escient les termes sanscrits dont ils font un si copieux usage[1].

L’évolution théosophique de l’Inde couvre un nombre considérable de siècles, et chacune de ses grandes phases est représentée dans la littérature religieuse par des témoins à la fois nombreux et loquaces. L’abondance des matériaux n’a pas empêché pourtant qu’il ne soit extrêmement difficile de reconstituer les étapes de cette pensée. On sait même qu’il y a bien peu d’espoir que nos constructions historiques correspondent jamais d’une façon complète à la succession réelle des idées et des faits.

La faute, pour une très grande part, en est aux habitudes de l’esprit hindou. Les monuments littéraires nous ont été transmis tout classés et tout étiquetés, et les cadres confectionnés par la tradition, s'imposent bon gré mal gré à l’historien. Comme le respect de la chronologie a été le moindre souci de ceux qui ont établi ces catégories, et que trop souvent les écrits ne fournissent aucune donnée positive sur leur âge, l’ordre dans lequel il convient de les disposer dans les cadres, et celui de ces cadres eux-mêmes deviennent extraordinairement incertains. Il en

  1. Ils les emploient du moins et les ont jetés dans la circulation. Grâce à eux, beaucoup de mots sanscrits ont cessé de sonner étrangement aux oreilles occidentales. Cela me permettra de m’en servir à mon tour sans trop de scrupule. Si le lecteur trouvait que j’ai forcé la dose, et disait comme l’interlocuteur fictif que met en scène un traité fameux de philosophie hindoue : « À quoi bon nous effrayer inutilement avec ces mots inconnus et monstrueux, empruntés aux dialectes du Carnatic et du Bengale ? », — je lui répondrais avec l’auteur de cet ouvrage : « Je ne le fais pas pour vous épouvanter, mais pour vous rendre service en vous expliquant ces termes étranges. » (Sarvadarś., p. 178). — On trouvera d’ailleurs, à la fin de l’ouvrage, un petit lexique donnant l’explication de tous les termes sanscrits employés dans ces pages.