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Page:Annales du Musée Guimet, Bibliothèque d’études, tome 22-23.djvu/650

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quelque manière qu’on se décide, on se heurte à des difficultés et l’on s’expose à des objections. Il faut en prendre son parti, et se dire, qu’en définitive, le plus plausible des classements ne correspond qu’approximativement à la déconcertante complexité des faits.

La théosophie n’a pas régné sans partage sur la pensée hindoue. L’Inde a aussi connu des religions et des philosophies très réalistes ; et l’idéalisme lui-même ne doit pas être confondu avec la théosophie. Ne fût-ce que pour circonscrire l’objet de notre étude, il nous faut déterminer ce que nous appelons théosophie, et ne tenir compte que des systèmes qui, au moins dans leurs éléments essentiels, répondent à notre définition.

1o Comme la religion, la théosophie veut résoudre les énigmes de la vie et de l’univers. À la différence des religions qui, pour résoudre ces énigmes, admettent l’intervention merveilleuse de la divinité dans la vie humaine et dans la marche de l’univers, la théosophie, écartant toute idée de miracle et de surnaturel, prétend être une science, mais une science basée sur la connaissance de lois et de forces autres que celles que nous atteignons par nos moyens vulgaires d’investigation.

2o Comme la philosophie, la théosophie vise à ramener à l’unité d’essence l’infinie multiplicité des êtres et des phénomènes. À la différence de la philosophie, elle cherche à pénétrer les secrets de la nature et de la vie, non par voie d’observation et d’analyse, d’induction et de déduction, mais par une méthode infiniment plus rapide, l’intuition ou l’illumination. Il est vrai que seuls les hommes parvenus à un haut degré de sagesse sont capables de cette