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CHAPITRE III

La philosophie Sānkhya.

I. Les sources.

L’apport de l’école Sānkhya au développement théosophique de l’Inde n’est guère moins considérable que celui du Védanta. Parmi les doctrines qui constituent en quelque sorte le patrimoine commun de toutes les philosophies et de toutes les religions de l’Inde, il en est d’importantes qui ont été, semble-t-il, sinon « inventées », du moins élaborées systématiquement et mises en valeur par Kapila et ses successeurs. Mais avant d’enregistrer brièvement les résultats obtenus par ces penseurs, il convient, pour les situer à la place qui leur appartient, de dire quelques mots des rapports du Sānkhya avec l’ensemble de la philosophie brahmanique.

Devons-nous voir dans le Sānkhya un système conçu indépendamment de la tradition sacerdotale, et rattaché d’une manière artificielle, et après achèvement, à l’orthodoxie dérivée des écritures védiques ? C’est là un problème qui ne comporte pas à l’heure qu’il est de réponse absolument certaine. Du moins est-il possible d’indiquer quelle en est la solution probable.

Tout d’abord, voici dans quelles conditions la question s’impose à notre examen.

Les textes authentiques sur lesquels nous pouvons fonder notre connaissance du Sānkhya sont tous relativement récents. Ce sont, pour ne citer que les plus importants[1].

  1. J’emprunte les indications chronologiques au livre de M. R. Garbe, die Sāmkhya-Philosophie (Leipzig, 1894).