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INTRODUCTION


La bataille de Néhavend avait mis fin à la dynastie des Sassanides ; c’en était fait de l’Empire des Perses ! Le roi Yezdedjerd avait été assassiné à Merw où il avait trouvé refuge (650), et la conquête musulmane avait achevé de s’accomplir avec une rapidité surprenante. Moins d’un siècle après ces événements, la population entière avait embrassé l’Islam. Seuls, un certain nombre de Zoroastriens rebelles à la conversion se retirèrent dans les districts du Khoraçan, où ils vécurent près de cent ans et où ils purent, sans être inquiétés, se livrer à la pratique de leur culte. Cet asile ayant cessé d’être sûr, ils gagnèrent Hormuz, à l’entrée du golfe Persique, et y firent un court séjour ; puis de nouvelles persécutions les décidèrent à aller demander l’hospitalité aux Hindous. Ils mirent à la voile pour Diu, dans le golfe de Cambaye, et demeurèrent dans ces parages près de vingt ans, au bout desquels ils se mirent en quête d’une autre résidence. Après avoir interrogé leurs prêtres, ils remontèrent sur leurs navires et reprirent la mer ; mais une tempête ayant assailli la petite flotte, les Persans sur le point de périr implorèrent le Dieu de leurs pères, promettant, s’ils abordaient sains et saufs au rivage indien, de faire briller la flamme sacrée et de bâtir un temple pour l’abriter. L’orage s’étant apaisé, ils purent débarquer à Sanjan, à vingt-cinq milles au sud de Daman (716). Actuellement modeste village du district de Thana, Sanjan était à cette époque, selon Edrissi, une ville commerçante et populeuse. C’est là que s’établirent les fugitifs. Bien reçus par le prince qui régnait alors, le sage Jadi Rana, ils scellèrent avec lui un pacte qui nous est parvenu rédigé sous forme de distiques ou « s’lokas ». Ils ne cherchèrent pas à dissimuler leurs